L’abécédaire d’une relance rebelle

Ils n’ont pas fini d’égrener les lettres de l’alphabet. Le « K » a désormais la faveur des analystes pour imager le processus de relance en cours. Une constatation s’impose : elle est inégale, certains secteurs économiques sont sinistrés, d’autres caracolent. D’un côté l’aéronautique, l’industrie automobile, la restauration et l’hébergement, l’évènementiel, de l’autre les nouvelles activités de l’économie numérique.

Le « K » est entre le « V » et le « L », nous est-il doctement expliqué, représentant pour certains secteurs une rapide et vigoureuse reprise et pour les autres la longue attente d’une relance qui ne vient pas. Avec le risque que le « K » ne se transforme en « L » comme léthargie, sans sortie de crise. Quoi qu’il en soit, ce mode est un puissant facteur d’inégalités, entre pays, entreprises et individus. Les économistes se penchent sur le sujet, mais la Bourse ne s’y est pas trompée. La valorisation en flèche de GAFA portés par la crise côtoie la chute du transport aérien, du pétrole, de la distribution traditionnelle et du tourisme.

Il y a donc les gagnants et les perdants. Le scénario de la reprise se complexifie et avec lui les mesures de soutien des gouvernements. Mais la résultante n’est pas flamboyante, imposant des plans de relance massifs. Et ce n’est pas fini, en particulier aux États-Unis, où la proximité des présidentielles bloque un accord entre les démocrates et les républicains.

En France, le choix d’une politique de l’offre ne suscite pas de franche adhésion, selon un sondage sans appel. Si les Français sont convaincus que le plan de relance soutiendra les entreprises en difficulté, ils doutent de son effet sur la croissance, le chômage et sur leur situation personnelle, En conséquence, ils continuent d’épargner, restant sourds aux appels les incitant à puiser dans leur bas de laine pour favoriser la croissance.

En référence aux dogmes, des voix s’élèvent pour dénoncer l’avènement d’une économie zombie résultant du soutien estimé abusif aux entreprises. Elles ont été si durement touchées qu’elles devraient disparaitre ou sont tellement endettées que leur solvabilité est douteuse et que l’échéance fatale ne peut qu’être retardée. C’est le prix de leur sous-capitalisation qu’il faut maintenant payer, créant le risque d’une « destruction créative » sans création à l’horizon… Pour y pallier, il n’y a pas d’autre solution que de les recapitaliser. Le capitalisme, décidément, est devenu assisté !

Il est entré dans des territoires inconnus où ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui. Le monétarisme a rencontré ses limites, le système est à la recherche de son équilibre, les États se substituent à des marchés qui n’ont plus toujours raison. Puisqu’ils sont amenés à intervenir, pourquoi ne pas profiter de l’occasion avec d’autres intentions ?

Une réponse sur “L’abécédaire d’une relance rebelle”

  1. ‘« destruction créative » sans création à l’horizon’ :
    Délicieux.

    De Schumpeter:
    « Ce processus de Destruction Créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme »
    Sans Création, il ne reste que la Destruction et donc plus de capitalisme…
    Je sais: doux rêve. Pour l’instant.

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