Bas les masques

Grave question : le verre est-il moitié vide ou à moitié plein ? C’est selon, à lire dans la presse les avis éclairés des acteurs de la vie économique. Il y a les incorrigibles, qui ne veulent voir que l’amélioration de l’activité, et à l’opposé les plus circonspects.

On touche le fond du panier lorsqu’on lit le propos d’un « expert en management » qui proclame « il est temps d’abolir le CDI ». Le plus petit frémissement d’un indicateur, dont la fiabilité n’est jamais envisagée, est porté au crédit du rétablissement. Et il faut que l’INSEE explique que la baisse du chômage de 0,7 point au 2e trimestre, est en « trompe-l’œil » à cause du confinement. Un miracle est attendu chez ceux qui ont gardé la foi.

Il a été tardivement rendu public que près d’un tiers des « clusters » (les foyers) sont apparus sur des lieux de travail malgré l’été, mais cela n’empêche pas un éditorialiste de traiter de « l’intégrisme du masque » et de réclamer pour les entreprises de la souplesse réglementaire. Le ministre de l’Éducation nationale a donné l’exemple en l’accordant aux établissements scolaires afin que les parents soient libérés lors de la rentrée. Des propos alarmistes sont entendus mais dans la pratique c’est une autre chose. L’arbitrage a été une fois pour toutes rendu, un nouveau confinement est exclu afin que l’activité économique puisse s’épanouir. Advienne que pourra !

Seule ombre persistante au tableau, l’épargne des particuliers bride la consommation et atteint des dimensions inégalées. La vision des uns ne concorde pas avec celle des autres. Cela ne fait toutefois pas que des malheureux, les dépôts à vue ont bondit et les banques se retrouvent avec un matelas de liquidités bon marché et abondant. Toute la question est de savoir comment elles vont l’utiliser. Mais pourquoi augmenteraient-elles le crédit et les risques afférents, alors qu’elles s’attendent à une vague de faillites et de défauts de remboursement allant imposer d’accroître leurs provisions ?

L’aversion au risque, le manque d’appétit pour celui-ci sont le signe indiscutable que la confiance a disparu. De quoi en être tout décontenancé pour les tenants de « la politique de l’offre » qui voudraient relancer la machine en soutenant prioritairement la production. Un ressort qui ne fonctionne plus.

À quel saint se vouer ? Les travaux du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) éclairent une indéniable accélération des changements de comportement que les consultations électorales peinent à traduire. Les consommateurs prennent le pas sur les électeurs quand il s’agit de manifester le besoin sans retour de changement que le confinement a accentué. Drôle de société qui marche de travers !

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