La nouvelle Jet-set des temps incertains

La libre circulation des personnes – déjà restreinte pour les réfugiés – n’a jamais été autant entravée et cela s’accentue alors que le rebond de la pandémie se confirme. L’isolement reste la meilleure parade. Pas question toutefois de fermer les frontières en pleine saison estivale, alors les restrictions se multiplient. Heureusement, les frontières ne sont pas fermées pour tout le monde et les nouveaux passe-muraille ne doivent rien à la plume de Marcel Aymé car ils ne finissent pas coincés en passant une frontière.

Le marché des « bons passeports » qui permettent de s’affranchir des frontières, ainsi que des permis de résidence grâce auxquels il devient possible de s’établir dans un refuge accueillant, est des plus florissant. Leur obtention à prix d’or permet de fuir les pays de résidence les plus à risque et de trouver asile dans des lieux aux structures sanitaires éprouvées. Chaque pays a sa cote sur ce marché de niche. Le passeport américain n’est plus recherché au profit des passeports de Chypre, de Sainte-Lucie et du Vanuatu. Les grandes familles sont souvent cosmopolites, c’est s’inscrire d’une autre manière dans la tradition.

La clientèle est comme il se doit richissime, et ce sont des familles entières qui décident de faire le grand saut, ou de s’y préparer au cas où. Car parfois l’obtention d’une nationalité est une simple mesure de prudence, une assurance contre le risque. Tandis que la loi du plus offrant règne du côté des pays d’accueil. Le gouvernement de Sainte-Lucie accorde un passeport à tout souscripteur de ses obligations à taux zéro pour un montant minimum de 250.000 dollars, aussi simple que cela !

Cela peut paraitre cher, mais un deuxième passeport est un investissement vite rentabilisé, car il permet de déjouer le contrôle des échanges automatiques des données mis en place pour lutter contre la fraude fiscale. Coup double ! Élever des murs pour se protéger n’a rien de nouveau, s’affranchir des barreaux derrière lesquels les autres sont enfermés, c’est encore mieux. Et pour les voyages, il n’y a pas mieux que les vols à la demande de l’aviation d’affaires qui évitent toute promiscuité. Tout est une bête question d’argent, les riches sont toujours les bienvenus, les paillettes sont superflues.

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