Une mutation encore en pointillés

Une notion a la vie dure, celle du simple trou d’air que connaitrait l’activité économique. Pourtant, le sort qu’a connu le transport aérien a de quoi faire réfléchir, pour s’en tenir à son cas spectaculaire. Une mutation du capitalisme est en cours, mais les gardiens du temple ne s’affranchissent pas tous des dogmes qui les habitent.

Le brutal arrêt partiel des activités économiques a produit un effet inimaginable. Il a révélé une fragilité du système économico-financier sans précédent, à tel point que la comparaison s’est par certains égards imposée avec les situations de guerre. Remonter la pente suppose une mobilisation de moyens sans précédents, des remises en questions hier impensables et des changements inévitables. Nous assistons aux premiers d’entre eux dans l’industrie automobile, pour en donner un exemple.

Les décideurs s’efforcent de dissimuler qu’ils sont assez désemparés, le manifestant de manière plus ou moins arrogante et détestable. Toutefois, si l’incertitude est forte, l’effondrement n’est pas encore pour cette fois, le système financier bénéficiant d’une assistance déterminante afin d’éviter le pire. Car, pour le reste, la crise s’annonce lourde d’effets tant pour les entreprises que pour les particuliers. Protéger tant bien que mal l’emploi et la consommation devient vital, d’où le retour à l’État garant en dernier ressort.

On parle beaucoup de la démondialisation, mais elle va être très limitée. Il serait plus juste de parler de la fragmentation du marché mondial qui va s’accentuer, les relocalisations allant être symboliquement réservées à des secteurs comme la production des médicaments. Les chaînes de production seront réajustées mais elles ne disparaitront pas, pas plus que la production à flux tendu. Et on connait déjà les noms des nouvelles entreprises transnationales dominantes, les dénommées GAFA.

En quoi va pouvoir consister la mutation à venir du capitalisme ? Celui-ci a devant lui deux tremplins, le « green business » et l’automatisation. Le premier va réclamer le financement de lourds investissements afin de reconfigurer l’appareil de production et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en délaissant lentement les secteurs les plus émetteurs afin d’opérer le plus possible en douceur. Les appels en ce sens se multiplient, mais l’inertie du système représente un obstacle car cela implique de substituer à des investissements au rendement éprouvé d’autres qui n’ont qu’un potentiel.

La robotisation accélérée va être le second levier. C’est en effet le meilleur moyen de diminuer le « coût du travail », relocalisé ou non, au nom de l’innovation technologique et de l’accroissement de la productivité. Le principal obstacle dans ce domaine sera que les robots ne sont pas les consommateurs des produits qu’ils fabriquent et des services qu’ils assurent !

Comment évoquer cette transition sans se pencher sur l’évolution des mécanismes du pouvoir ? Sa nature oligarchique et concentrée est largement documentée, la frontière entre le monde de la politique et celui des affaires est de plus en plus floue, mais que réserve l’avenir ? Pervertie, la démocratie représentative est en bout de course, par quoi la remplacer ? Avec la problématique des biens communs – ni propriété privée, ni propriété de l’État – c’est la grande question de notre époque.

Au prétexte du déploiement de nouvelles technologies reposant sur l’analyse des données, la surveillance sociale a posé ses premiers jalons. Soulignant l’importance de l’enjeu, la sensibilité à ce qui ressort de la surveillance généralisée est grande, ainsi qu’en témoignent les réactions à la reconnaissance visuelle dont c’est la manifestation… la plus visible. Mais son déploiement est insidieux, car elle correspond à un besoin partagé. La connaissance fine des comportements individuels répond à la fois aux exigences du marketing et du contrôle social, allons-nous parvenir à nous en prémunir ?

Un profond malaise s’est installé et se découvre lorsque l’occasion s’en présente, souvent de manière inopinée. Nous y assistons. Le capter politiquement est un autre enjeu d’importance, suscitant notamment l’installation de pouvoirs infréquentables à des degrés divers. Comment déverrouiller la politique est désormais une interrogation émergente forte.

10 réponses sur “Une mutation encore en pointillés”

  1. …  » la mutation à venir du capitalisme ? Celui-ci a devant lui deux tremplins, le « green business » et l’automatisation. Le premier va réclamer le financement de lourds investissements afin de reconfigurer l’appareil de production et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en délaissant lentement les secteurs les plus émetteurs afin d’opérer le plus possible en douceur. Les appels en ce sens se multiplient, mais l’inertie du système représente un obstacle car cela implique de substituer à des investissements au rendement éprouvé d’autres qui n’ont qu’un potentiel.  » …

    Sur ce sujet … un lien qui m’a été proposé… =1h40 d’excellente qualité , dont la lecture attentive :  » Voici la version sous-titré en français du dernier film produit par Michael Moore : https://youtu.be/ycN3mVW1fow . Sombres constats !  » …me semble indispensable avant tout jugement péremptoire du genre :
     » Vous êtes au courant que les climato-sceptiques se frottent les mains à propos du dernier opus de Michael Moore, jugeant qu’ils l’ont bien roulé dans la farine ?  » ((P.Jorion-blog , 8/6 à 19h20)).
    Me réservant cette analyse après vision attentive :
    …  » Au delà de prises de vue magnifiques , ce que j’en retiens:
    L’utilisation exclusive , à quelques reprises , du vocable de « changement climatique » , ce qui peut déranger du monde.
    Un massacre du trio d’ « avenir » [photovoltaïque/éolien/biomasse(USA)] dénoncé comme indissolublement et complémentairement lié/soudé à une sur-extraction fossile continue et mortifère à court terme ..sauf « rétrécissement » démographique mondial volontairement/accidentellement mis en oeuvre.
    Pas un mot sur le choix/rejet d’une énergie capacitaire stable en support de transition longue. Déception.
    Nous décroîtrons donc , sans corde de rappel , par chutes successives , plus ou moins brutales , de standard de vie.
     » …

    Je persiste et signe.

  2. J’ai pris connaissance avec grand intérêt du contenu de votre lien proposé.
    J’en termine à l’instant la troisième lente lecture.
    Connaissant , depuis le temps que je vous lis , vos diverses positions sur le sujet , les respectant tout à fait , en accord avec un certain nombres d’entre elles , je me garderai d’afficher un credo quelconque sur la faisabilité technico-scientifique du « paquet » (fort hétéroclite quand même ) de solutions « innovantes » proposées dans une addition où chaque terme doit être réalisé ( et pas seulement potentiellement réalisable..quand?..) pour que le TOUT soit une « ossature » suffisamment forte et crédible de sous-tension , disons , de la décroissance nécessairement lente, ciblée, et sans rupture brutale , disons des trente ans qui viennent.
    Vous étonnerais-je en vous « révélant » ma plus grande crainte relevée de lecture… ce passage , qui ne dit pas son nom.. :
    …  » L’intermittence est de moins en moins un problème, surtout si l’on couple stockage et smart grids ( réseaux intelligents qui optimisent la consommation des appareils en fonction de la production ). De tout cela, le documentaire ne parle curieusement pas, alors que c’est fondamental . » …
    Combiné aux techniques souhaitées/imposées de « tracing » actuel (et futur) .. comment dire? Que répéter que vous ne sachiez déjà… :
    https://www.youtube.com/watch?reload=9&v=evt_8hluLww

    1. Notre problème commun est que nous continuons à raisonner dans un cadre capitaliste, ou pour le moins à utiliser ses mots qui sont autant de prisons pour l’esprit. Ainsi en est-il du terme de décroissance qui au même titre que son antonyme croissance, porte sur le bon rythme du productivisme à adopter et non sur son adaptation à nos besoins réels. Ici le changement de paradigme consiste à créer des indicateurs économiques tenant compte prioritairement des besoins humains, en commençant par les besoins primaires bien entendu (se nourrir, se loger, se soigner, s’éduquer, etc). Dès lors les indicateurs en termes de croissance ou de PIB deviennent obsolètes et les marges de manœuvres pour une « bonne vie » s’accroissent de manières vertigineuses. S’il n’est plus besoin de gaver les actionnaires, de renflouer régulièrement la banque du casino boursier ou de consommer en masse des artefacts totalement inutiles, alors la planète offre suffisamment de ressources pour permettre à tout un chacun de vivre de manière digne sans saccager nos écosystèmes.

      Un très improbable changement de paradigme qui est sous très forte contrainte temporelle, maintenant que nous nous approchons à grands pas des points de bascule climatique. Avec pour conséquence logique que seule désormais une économie de guerre, au service d’un impératif de survie, permettrait de réorienter nos économies et nos industries avec la rapidité nécessaire.

      Au lieu de quoi, c’est le chacun pour soi et le retour le plus rapidement possible à l’anormal d’hier qui prévaut chez tous les gouvernements. Ou pour le dire plus succinctement, qu’entre l’économie de guerre et la guerre tout court, nos gouvernants choisissent à l’insu de leur plein gré la seconde option.

      Concernant la technologie des smart grids, ce n’est pas tant la possibilité de couper mon lave-linge en cas de problème sur le réseau pour éviter son effondrement qui me préoccupe, mais la question de savoir qui contrôle quoi. Autrement dit, je suis 100% pour, sous un régime de démocratie (directe) où l’énergie est un bien commun géré par un État sous contrôle permanent de ces citoyens, et à 100% contre, dans un monde néolibéral contrôlé par les fous furieux dirigeant des transnationales plus puissantes que les États.

  3. Ce documentaire n’apporte rien de nouveau, en revanche, son incomplétude met en évidence que « la vérité qui dérange » n’est pas celle que l’on croyait.

    Le néocapitaliste Al Gore, ancien vice-président des États-Unis et prix Nobel de la paix en 2007 (partagé avec le GIEC), a en effet préparé ce film pour sa campagne de sensibilisation sur le réchauffement planétaire. Devons-nous penser l’appel à une mobilisation planétaire contre le réchauffement (lequel est effectif), comme un double jeu néocapitaliste, puisque les technologies de stockage de l’hydrogène (pollution zéro, reste de l’eau après combustion) sont en phase de déploiement commercial par les cartels de l’énergie (9 milliards d’investissements en RFA). Comment, dans cette chréode technologique réelle et opérationelle, penser le double jeu et les stratégies à front inversé, depuis que, haut les cœurs, Davos est pour la survie de notre espèce. comment comprendre cette inversion ?

    Pour avancer dans la compréhension de l’emboitement des poupées truquées, pourrions-nous ensemble, ici, examiner la pertinence de l’opposition « nationaliste » / « globaliste » sous l’angle d’une division interne de ces deux catégories en :

    -nationaliste capitaliste- / -nationaliste socialiste- et,
    -globaliste/capitaliste- et – globaliste/socialiste.

    Remarquons d’emblée que les deux pôles débordent chacun vers une version extrême. Ainsi le -nationalisme capitaliste- peut se donner les moyens de la domination de sa race ou de sa nation sur toutes les autres (nazisme), et symétriquement le -globalisme socialiste- peut prendre pour objectif la dictature planétaire du prolétariat (trotskisme).

    Pour revenir au « centre », il est, je crois, nécessaire de cerner les modifications de sens issus de l’apposition de chacun des termes. Prenons comme point de départ la notion selon laquelle Trump est un -capitaliste nationaliste- construit sur le modèle d’un capitalisme à l’ancienne, c’est-à-dire un capitaliste dont le pouvoir repose sur la propriété de biens matériels ancrés sur le territoire d’une nation particulière. À l’inverse, le -capitaliste globaliste- correspond au modèle du capitalisme financier déterritorialisé.
    En contrechamp, le « socialisme vulgaire » ne se définit plus aujourd’hui que par une opposition virtuelle au « capitalisme ». Dans cette position « mécaniquement jouée », le socialiste globaliste, à défaut de s’appuyer sur une base sociale localisée, se projette dans l’universalité des « valeurs sociétales, à défendre « partout ». nous voyons que cette attitude se concrétise dans le groupe d’intellectuel qui promeuvent l’idée que la transversalité des luttes Me To, balance ton porc, LGBT, BLM, lesquelles loin d’être une diversion, construiraient les conditions nécessaires pour la victoire contre le néo-capitalisme ; alors que du point de vue ici exposé, la construction de ces différentiations sont la condition d’un marché planétaire global libéré de la souveraineté des cultures auxquels chaque peuple s’identifie.

    À l’inverse de la construction du marché universellement ouvert, le souverainisme socialiste, affirme la nécessité de sortir du globalisme pour appuyer son projet sur une reprise de contrôle de la nation comme base matérielle et juridique permettant d’avancer dans la construction d’un socialisme localisé. Cette dernière catégorisation me semble correspondre à l’actuelle formation du pôle souverainiste en cours d’articulation autour de la revue « Frontpopulaire ».

    Selon cette lecture, nous assistons, à la convergence des « nationalistes » » de droite et de gauche, rassemblés dans la construction d’une opposition aux regroupements des globalistes de droite et de gauche, lesquels respectivement, portent le néolibéralisme ou s’y soumettent pour conserver leur position relative.

    Questions : cette grille permet-elle de comprendre les mouvements Black lives matter et antifa?
    Quel est le sens de cette conjonction, dès lors leurs « actions politiques » s’inscrivent sont soutenues dans un combat anti-trumpien, c’est-à-dire instrumentalisés de part et d’autres comme pions dans l’opposition entre deux formes de capitalisme, et non pas, dans un combat anticapitaliste (il faudra revenir sur ce point)?

    Dans la phase actuelle, les républicains trumpistes n’ont pas, en sous-main et intentionnellement, instrumenté les antifas contre leur parti et en vue de la perte des élection. Par contre, en surface les antifas sont clairement soutenus par la composante profonde du parti démocrate, (ceci demanderai d’identifier er la composante -nationaliste socialiste- et – globaliste/socialiste au sein des démocrate et inversement chez les républicains).

    C’est je crois dans ce cadre éclaté et étendu que pourrait s’expliquer la mondialisation des opérations antifa, par exemple dans le contexte des gilets jaunes comme du mouvement black-lives matters .

    Une instrumentalisation n’est en rien impensable, comme ce fut le cas, pour l’instrumentalisation des brigades rouges italienne, par des réseaux de « Gladio » mis en place par L’Otan, partout en Europe et dans le monde. Comme l’explicitait en effet le Colonel Bernard Legrand ( dernier patron du « Gladio » belge) :

    « Il s’agissait d’une stratégie de la « tension » destinée à faire peur aux citoyens prend naissance. Le SISMI aurait « manipulé » des extrémistes de gauche et de droite pour influencer l’électorat en faveur d’un retour aux forces politiques incarnant « l’Ordre ». »
    Ref. document de la radiotélévision belge, (05 novembre 2015).

    L’existence avérée de réseaux secrets, ne justifie bien sur pas l’explication conspirationniste, laquelle consiste à fantasmer des liens entre une séries de faits arbitrairement rassemblés. Pour reprendre une démarche rationnelle face au complotisme, l’historien Carlo Ginsburg s’appuyait sur la démonstration de la réalité d’un complot (par essence secret) à partir de la démonstration d’un faux, argumenté sur base de ses de ses traces. Ainsi la publication, par The Lancet, d’une étude anti chloroquine bidon, montre l’existence, au moins d’un, complot sous-jacent (ici, quelque peu mené par des bras cassés, il est vrai).

    Bien entendu, personne n’a jamais envisagé de déclencher une pandémie dans le but de cacher la faillite du néocapitalisme. En revanche, les financiers savent depuis longtemps que le surendettement des Etats déstabilise leur position puisque ces dettes sont excessives et ne seront pas remboursées. L’impression de complot s’explique, très naturellement, par le fait que la configuration géométrique des rapport de force modèle la topologie sociale pour y créé, indépendamment de la volonté des acteurs, des voies de plus grande pente dans lesquels convergent, mécaniquement, les propension à agir, chacun, dans son propre intérêt, soit ici, en activement en promotionnant le grand reset. Soit passivement, en affichant l’intériorisation positive du port du masque (ce que J. Attali exposait au cours d’un interview sur France culture L’Invité(e) des Matins 15/06/20) Santé de l’économie et économie de la santé (en principe de deux fois vingt minutes de part et d’autre du journal de 8h) , et dont les url ont été maladroitement été redirigée, deux fois, sur celle de « La Transition : L’avenir du climat passe par les nuages (soit 2 X 4minutes).

    1. Jean-Luce
      La stratégie d’Onfray avec son Front Populaire qui réunit les souverainistes de tous bords comme alternative au combat mondialiste contre le capitalisme virtuel elle trouve vite ses limites théoriques et pratiques devant la simple réalité des faits.
      La présence du gilet jaune Jérôme Rodriguez à manif devant le palais de justice infirme cette construction intellectuelle que pour ma part je trouve dangereuse.
      Donner quitus à la police au nom du souverainiste je ne vois pas en quoi cela affaiblirait le « capitalisme virtuel ». Cela nous éloigne au contraire de la constitution d’une police citoyenne. Et là on est plus dans le sociétal, mais au cœur de l’exigence démocratique. Une police qu’on empêche pas d’être raciste et violente permet aux propriétaires de dormir tranquilles. Le pouvoir en place peut diviser pour régner. Et le FN tire les marrons du feu.

        1. Francois,

          Onfray a quelques caractéristiques d’un taureau qui rentre dans l’arène; dans le feu de l’action, il accroche Freud, parfois trop et de travers. Cependant sa relecture – populaire- de la philosophie est déjà, et pour toujours, essentielle à la culture française.

          Mais de quelles bornes parles-tu, et qui fixe les bornes?

          Prenons un exemple. P. Jorion a des vapeurs dès que l’on évoque Onfray; Onfray ne met pas en cause le noyau central de la psychanalyse; par exemple, il ne conteste pas « le mot d’esprit et l’inconscient », tel que Jorion l’a lui-même judicieusement remis en évidence, à la suite de Lacan, dans sa modélisation d’ANNELA. Onfray questionne la construction sociale de la psychanalyse par Freud, ce qui est tout différent.

          Pour avancer, la mise au point d’Onfray dans « Apostille au Crépuscule », est un appel à la remise en marche d’une psychanalyse, non pas « non freudienne », mais débarrassée des inévitables scories freudiennes. Au total, les gens ma génération savent encore que la compréhension des mécanismes inconscients ne se limite pas à Freud, et bien sûr, savent déjà qu’il faudra qu’une nouvelle génération de rationalistes sauve la psychanalyse de l’eau de boudin des spiritualistes jungiens. Dans cette perspective, les apports entre autres, de Laborit, comme celui de Jorion et d’Onfray, resteront essentiels .

          1. Désolé Jean-Luce, le souverainisme ne passera pas ! Ni mon éducation ni ma vie me permettent de m’y reconnaitre.

  4. Pierre-Yves,

    Quel est selon toi, l’obstacle au souverainisme, lequel n’a rien à voir avec le nationalisme, et permet en outre de s’ouvrir aux autres nations en toute indépendance du néolibéralisme ?

    Accessoirement, je commente ta réponse en explicitant mon point de vue. Michel Onfray ne donne pas quitus aux brutalités policières, ni à son relatif noyautage par l’idéologie d’extrême droite. Sa critique porte sur la gestion politique d’un corps de fonctionnaire, qu’il sait sur exploité et mal payé. Ses interventions actuelles soulignent l’hypocrisie du pourvoir suant au deux poids deux mesures qui consiste, pour cause d’émotion, à permettre une manifestation de 15.000 personnes, alors que sous la même loi de confinement sa police fait payer 150 € à une grand-mère dont la retraite est de 500€ de retraite, parce qu’elle est sortie sans son papier, ou à chasser les délinquants au confinement, par hélicoptère, et pour une balade dans un coin reculé du Vercors (témoignages sur Sud radio).

    La mise en scène d’un sur confinement n’est pas anecdotique, elle cache la trouille de la classe politique débile qui gouverne la France. Le fond est l’hypocrisie du pouvoir réside ici, non pas dans le corps de police, mais dans l’utilisation de la police par l’instrumentalisation de ses éléments déviants vis-à-vis de l’esprit de la république..

    Par ailleurs, la raison de ma dernière intervention sur le blog de François est d’inviter à réfléchir ensemble, afin de comprendre la survenue planétaire du mouvement antifa, de répondre à la question qui manipule les casseurs ? Ce qui explique ma (j’imagine pénible) décomposition en
    -nationaliste capitaliste- / -nationaliste socialiste- et,
    -globaliste capitaliste- /– globaliste socialiste.

    Je ne cherche pas à attribuer la responsabilité à l’une de ces catégories, mais à comprendre leur système d’interaction.
    §
    De fait, aujourd’hui, l’analyse politique s’appuie sur l’opposition souverainisme / globalisme , ce qui réactive les concepts de Mackinder, lesquels opposent le Heartland eurasiatique et Rimland, ce dernier étant maritime et donc du côté du commerce et de l’abolition des différences et tandis que le Heartland serait, selon le spiritualiste A. Douguine, sur le versant du maintien des valeurs traditionnelles. La doctrine de la domination par le Rimland US, élaborée par N. Spykeman, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, s’est évanouie ; en effet désormais, même pour les Iraniens, la flotte de porte-avions US n’est plus qu’une cible facile.

    Bien entendu cette opposition est trop simple puisque les oligarques poutiniens sont parfaitement en accord avec les oligarques de style trumpien, et que de plus, la banque centrale de la Fédération de Russie, créée en 1990, fait partie du réseau des banques globalistes. Je pense que le globalisme est la forme achevée du projet néolibéral de concentration de la propriété, et de la construction des techniques de gestion du parc humain, composé de déplorables, de sans dents, et de ceux qui ne sont rien.

    C’est dans cette perspective que je replace la conception de la souveraineté du peuple des petites gens. Concrètement, il m’apparaît trompeur de faire croire que le peuple français et les peuples européens pourraient retrouver une souveraineté globale par la conquête du Parlement européen (je reçois le courrier de Diem25, c’est dérisoire). Par ailleurs, la France est définitivement cassée sur le plan économique, désindustrialisée, et son nucléaire civil est aux mains des Américains, son agriculture aux mains des multinationales de l’agrochimie). Dans ce contexte, l’Allemagne qui dispose de réserve financière et de deux voies d’accès direct sur le gaz russe, dominera l’espace européen, sauf si le peuple français retire la France de l’Europe maastrichtienne et construit un modèle de démocratie participative.

    La France repose sur ses communes, à partir desquelles construire un l’étagement d’assemblées articulant le communalisme écologique et libertaire de Murray Bookchin, pour le porter, d’étage en étage, jusqu’à l’Assemblée nationale (j’ai lu Bookchin, il y un demi-siècle, Onfray semble le découvrir.)
    La mise en place d’un réseau d’autoformation des gilets-jaunes reste la priorité de l’action politique. Et rien n’en s’oppose à ce que la France articule sa politique énergétique sur une alliance Italie Grèce valorisant le trans Adriatique pipeline (TAP), dont Total possède déjà certains tronçons en territoire français.

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