Dans l’improvisation, les plans se succèdent et s’additionnent, et ce n’est pas fini ! Les banques centrales et les gouvernements tentent de faire face à ce qui est désormais comparé à la Grande dépression, devant même la surpasser. Les suicides des financiers en moins, les morts du coronavirus et tout ce qui s’en suit en plus. L’économie plonge et des craquements se sont entendre dans le système financier, dont on découvre qu’ils sont tous deux systémiques. La pire des propriétés, celle devant laquelle ils sont désarmés.
Des solutions de fortune sont difficilement négociées au niveau politique. Les uns tentent de neutraliser les conflits et de protéger plutôt mal que bien les déplacés et les réfugiés, d’autres s’inquiètent du sort d’un continent entier, l’Afrique. À l’échelle du monde, la liste des populations à risque s’allonge, et avec elle le sentiment partagé d’être totalement dépassé par les évènements. Proclamer que l’on fera « tout ce que l’on pourra », et préciser « quoi qu’il en coûte », marque à la fois une incontestable détermination et une grande indécision.
Une telle situation n’a jamais été rencontrée. La moitié de la population est sous régime de confinement, l’économie formelle et informelle en subissent les effets, les menaces de rupture des approvisionnements de toute nature se multiplient, le chômage enfle… Un Monsieur catastrophe n’y trouverait rien à ajouter. Et, pour la toute petite histoire, il doit être beaucoup insisté pour que les banques consentent à suspendre la distribution des dividendes. L’expression des crispations à des dogmes qui s’avèrent très résilients.
Combien de temps sera-t-il nécessaire pour que tout rentre dans l’ordre ? Et quel sera ce nouvel ordre, sera-t-il comme avant ? S’il connait une mutation, en quoi consistera-t-elle ? Un gros effort d’imagination était déjà requis pour évaluer les effets du réchauffement climatique, il faut en redoubler pour imaginer la sortie de la crise en cours, une fois admis qu’elle demandera elle aussi du temps. Ultime question et non des moindres, sera-t-il possible de transformer ce désastre en opportunité ?
S’appuyant sur les programmes de soutien aux chômeurs qui enflent, les partisans d’un revenu universel se manifestent timidement, mais l’essentiel est ailleurs. Le recours à la monétisation est de plus en plus revendiqué devant la montagne de nouvelles dettes qui s’accumule et qui ne pourra pas être résorbée. Mais glisser sur cette pente passe à côté d’une restructuration d’ampleur de la dette qui retaillerait le système financier. L’occasion ou jamais.
Dans les nouveaux comportements qui s’instaurent forcés et contraints, il est difficile de faire la part de ce qui est réversible et de ce qui ne le sera pas. Les mauvais plis sont tenaces. L’État s’affirme comme le dernier recours, le marché n’est plus la panacée, mais à titre provisoire. À l’échelle des populations, les solutions trouvées sont à la fois individuelles et collectives, les deux mélangées, affaire également de tempérament et de conviction. Sans qu’il y soit explicitement fait référence, mais c’est l’idée, il y aurait des biens communs. Quelle en est la liste, comment pourraient-ils être gérés ? Le service public pourrait-il y être rangé ?
Pour la bonne cause, des technologies de traçabilité sont déployées dans des versions plus ou moins invasives, pour ne pas parler de l’existant. Une pernicieuse dictature des algorithmes sautera-t-elle sur l’occasion ? Voilà qui donne une raison supplémentaire pour explorer l’alternative, la parade, que représenterait une gestion collective de ces biens communs, en d’autres termes l’élargissement de la démocratie et non pas son rétrécissement. Les impressionnantes capacités de traitement de l’information pourraient alors être mises au profit exclusif de bonnes causes !
Les problèmes bien posés sont dit-on déjà à moitié résolus !
Merci François
Que voilà la situation bien synthétisée et exposée !
Comme toujours, du reste.
« L’économie plonge et des craquements se sont entendre dans le système financier »
C’est votre définition d’un krach boursier ?
Vous êtes des sacrés gaillards sur ce blog, vous faites des phrases, vous étalez votre potentiel, mais vous passez à côté de l’essentiel :
Sans le proletariat travaillant en France, vous resterez condamnés à « jetez un oeil » sur le développement de l’histoire.
Il faut partir à la conquête intellectuel du prolétariat.
Il vous faut rejoindre un groupe communiste ( celui de votre choix ), et politiquement vous engager.
« La conquête intellectuelle » est une expression plutôt malheureuse. En termes martiaux on monte à l’assaut, on ne descend pas et vous semblez vouloir dire qu’il faut aller convaincre la base…
S’y engager pareillement fait un peu couac. Non ?
En dehors du vocabulaire, reconnaissez que c’est aussi la base qui doit se bouger.
La base sait parfaitement se bouger lorsqu’elle se reconnait dans certains événements historiques la faisant vibrer d’émotion.
L’histoire récente regorge d’exemples ilustrant ce propos.
Par exemple, lors du décès de Johnny, plus de 1 million de personnes se sont massées sous la pluie sur les Champs Élysées pour un dernier adieu, certains ayant passé la nuit sur place dans une tente decathlon pour être certain d’en être.
Autre exemple, les attentats contre Charlie Hebdo qui conduirent plus de 4 millions de personnes à descendre dans la rue arborant la pancarte « Je suis Charlie ».
Un dernier exemple ? La victoire française à la coupe du monde de football, qui conduisit plus de 2 millions de personnes à festoyer toute la nuit sur les Champs Élysées et plusieurs autres millions sur le reste du territoire.
Quant à la réforme des retraites, nous étions grosso modo 800.000 à 1 million dans la rue AU NIVEAU NATIONAL le premier samedi, nombre qui se réduisit continuellement au fil des mois.
Désespérant n’est-ce pas ? Les priorités semblent ailleurs pour la majorité alors que certaines catégories sociales ont perdu jusqu’à quasiment deux mois de salaires dans ce combat.
Oui Hervey, la base doit se bouger mais en a t’elle conscience ?
Si elle se bouge comme Johnny, elle suivra tous les gouvernements qui se présenteront. A la queue leu leu.
Plutôt devant que derrière pour moi la conscience.
Je pense qu’il est erroné de dire que les gens sont passifs alors que le pays vient de connaitre son plus grand mouvement social depuis 1968 et que les manifestations persistantes des jiléjônes se déroulent sous la menace constante d’être mutilé par les forces de l’ordre.
Simplement la preuve nous a été donné qu’il ne servait à rien de manifester, ou pour les syndicats de « négocier », dans le cadre du néolibéralisme (celui-là même qui concentrait tous ses efforts sur la loi BlackRock des retraites, alors que la vague du Covid-19 nous arrivait dessus).
Les faits sont imparables : « demander » dans le cadre de la représentativité est strictement inutile. La Cinquième est ainsi faite, surtout depuis l’inversion du calendrier électoral, que le PR cumule en réalité les pouvoirs exécutifs et législatifs et que seule une partie du pouvoir judiciaire lui échappe encore.
S’il y a faute de la population, ça n’est certainement pas dans une prétendue passivité qu’elle se trouve, mais plutôt dans le fait que beaucoup sont encore sincèrement persuadés qu’ils peuvent changer le système par leur vote, alors que dans le cadre « représentatif » ils ne sont là que pour appliquer un vernis de légalité sur le TINA.
Si la structure actuelle de notre ‘démocratie’ ne permet pas un changement de politique vis à vis de ce TINA, que faut-il espérer : l’émergence d’un ‘Pol Pot’ ? Ou quoi d’autre?
La plupart d’entre-nous sommes tellement domestiqués par le système que nous n’imaginons même pas qu’il puisse y avoir d’alternative autre qu’une dictature totalitaire.
La démocratie « représentative » étant un oxymore, si nous essayons tout simplement la démocratie ? Ce régime qui fait que les représentants sont sous le contrôle permanent des représentés, ont obligation de les consulter et peuvent être démis de leur mandat à n’importe quel moment.
Cela s’appelle la démocratie directe, ce qui est un pléonasme.