Nous ne sommes pas au bout du compte, on s’en doutait un peu

L’euthanasie est un sujet qui suscite de fortes controverses, et elle n’est pratiquée qu’en douce, si l’on peut dire ! Mais la situation régnant à l’intérieur des résidences de personnes âgées, les Ehpad en France, ne revient-elle pas à la pratiquer à grande échelle faute de moyens et de priorités, sans que la décision d’en finir soit prise par les intéressés ? Les mouroirs de jadis ne sont pas loin. Un voile pudique, pour ne pas dire hypocrite, enrobe le drame en cours.

Un grand cas est accordé aux statistiques, dont la valeur n’est pas établie, mais ce qui est certain c’est qu’elles ne prennent pas en compte les cas d’infection par le coronavirus et la mortalité qui en découle au sein des Ehpad. L’habitude de prendre les chiffres pour argent comptant a été prise, il faut dire, avec ces indices économiques et financiers, les prévisions a fortiori, qui nous sont bassinées et ne sont jamais assorties de facteurs d’incertitude, ou dont la méthodologie n’est jamais rappelée.

Les effets dévastateurs de la pandémie en Inde, au Brésil, à Haïti, ou en Afrique du Sud sont attendus, pour en rester à cette énumération. Comment confiner ces populations vu leur mode de vie et leur dénuement, comment les soigner avec les moyens à disposition ? Les remèdes de la Banque mondiale ou du FMI ne sont pas à la mesure. L’aide financière accordée aux innombrables travailleurs brésiliens de l’économie informelle est une goutte d’eau, tandis qu’en Inde les plus démunis tentent de regagner leur village en fuyant les mégapoles et en propageant l’épidémie. On peut aussi penser à ce qui attend les millions de réfugiés et de déplacés au regard des capacités des ONG qui suppléent les États défaillants (on a tendance à l’oublier). Les pays développés se sont révélés être à court de protections sanitaires et mettent maintenant les bouchées doubles pour en produire dans l’urgence, mais les autres ?

Le Tiers-Monde étant parmi nous, au sein des pays développés, la question oubliée de l’informalité ne peut être éludée. La Commission préparerait un programme européen d’aide au chômage qui ignore cet aspect. Il est redécouvert en Italie, mais cela ne lui est pas réservée, que son secteur informel – tous ceux dont le travail n’est pas déclaré et qui sont payés de la main à la main sans être pour autant des criminels – ne peut pas bénéficier des mesures d’aide de l’État, n’étant pas recensés. Selon l’institut de statistique Istat, qui tente de le mesurer, ce secteur représenterait 12,1% du PIB (encore un chiffre à prendre avec des pincettes !). Il est suffisant si l’on veut mesurer l’inanité des mesures prétendant aider les travailleurs en soulageant les entreprises… Ceux qui travaillent « au noir » sont payés avec des lance-pierres, n’ont pas d’économies ou peu, et n’ont plus aucun revenu quand les entreprises arrêtent de les employer. Ils sont légion.

Qu’est-ce qui changera, le jour hypothétique où tout cela s’arrêtera et que l’on contemplera les dégâts par un petit matin blême ? Encore un pronostic difficile à établir. Mais il peut être prédit sans risque de se tromper que notre regard sur le monde ne sera plus le même, après avoir déjà évolué devant la menace avérée du réchauffement climatique. Un sursaut peut-il être exclu ?

2 réponses sur “Nous ne sommes pas au bout du compte, on s’en doutait un peu”

  1. Sur le premier paragraphe…mon unique intervention… :
    Intervention/argumentation qui pourrait sembler « déplacée » dans ces circonstances , alors je propose en lecture ceci :

    http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-soc/l15b0582_rapport-fond

    Et ces quelques lignes accompagnantes : ((grasses personnelles))

     » Une autre critique est formulée à l’encontre du dispositif de sédation profonde et continu en ce qu’il nie la notion d’accompagnement. Endormir et laisser mourir par l’arrêt des traitements mais aussi l’arrêt de l’alimentation n’est pas considéré comme une prise en charge de la souffrance. La sédation est alors assimilée à une mort par dénutrition.

    Dans l’état du droit actuel, des malades partent à l’étranger pour y exercer leur « droit à mourir ». Pour ceux qui restent en France, de nombreuses voix continuent à dénoncer l’indignité de certaines conditions actuelles de la fin de vie. D’autres voix opposent au droit de mourir dans la dignité le devoir de respecter la vie.

    Dans un sondage Ifop réalisé en décembre 2017 pour le journal La Croix, 89% des personnes interrogées se déclaraient favorables à une évolution de la législation sur la fin de vie : 18% pour la légalisation du suicide assisté, 47% pour la légalisation de l’euthanasie et 24% pour la légalisation des deux. 11% des personnes interrogées se déclaraient opposées à un changement de la législation.

    Le 28 février 2018, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, un collectif de 156 députés, issus pour la plupart des rangs de La République en Marche, appelle à mieux encadrer les droits et la liberté de mourir des malades en fin de vie. Jugeant « qu’on ne meurt pas bien en France » et qu’ « il est maintenant temps de sortir de l’hypocrisie », ces parlementaires demandent l’adoption « sans délai » d’une nouvelle loi, sans attendre une évaluation des textes existants. Ils réclament pour chacun le droit de « choisir sa fin de vie « .  »

    Couardise politicienne de la pléthore « législative-représentative macronienne » qui , pour une fois , aurait pu faire aux français qui le désirent et l’expriment clairement le « cadeau » d’une réforme digne de ce nom… et largement souhaitée.

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