La mondialisation pour le pire

Ursula von der Leyen présidente de la Commission et Mario Centeno de l’Eurogroupe y mettent du leur, mais chaque gouvernement agit isolément car le compte n’y est pas. Les gouvernements ont tiré la conclusion qui s’impose et agissent chacun dans leur coin, advienne que pourra !

Le gouvernement italien avait le premier dégagé des ressources importantes et crevé le plafond de ses objectifs de déficit budgétaire. Lors de l’afflux des réfugiés, il avait fait l’expérience qu’il ne pouvait pas compter sur les autres. Et, au nom d’une flexibilité soudainement à rallonge, la Commission n’a pas bronché. Fort de ce précédent, ne parvenant toujours pas à obtenir le plan de relance européen de leurs vœux, les autorités françaises ont enchaîné. Bruno Le Maire, le ministre des Finances a évoqué pour commencer un montant de plusieurs dizaines de milliards d’euros afin de soutenir les entreprises nationales. Pourra-t-il être résisté à cette dynamique ? Et puisque l’on en est à la suspicion, la fermeture des frontières de la zone Schengen envisagée par Emmanuel Macron réglera-t-elle par la bande le sort des réfugiés ?

Au nom de la Commission, Marteen Vervey a dressé un tableau préoccupant : « nous pouvons dire qu’il est très probable que la croissance dans la zone euro et l’Union européenne toute entière va tomber en dessous de zéro cette année et potentiellement considérablement en dessous de zéro ». Mais le gouvernement allemand, par la voix de son ministre des Finances Olaf Scholz, n’en tire des conclusions que pour l’Allemagne. Un plan qualifié de « bazooka » est bien prévu, des fonds illimités vont être disponibles, mais ils seront réservés aux entreprises allemandes sous forme de prêts de la banque publique de développement KfW. La puissance de feu de celle-ci serait de 550 milliards d’euros, à comparer avec les 37 milliards à partager dans toute l’Europe que la Commission, qui a remis entre temps au pot, a péniblement alignés…

Une réunion de l’Eurogroupe se tiendra lundi prochain, dont son président Mario Centeno annonce des merveilles. Il s’attend à ce que soit décidé « un très large ensemble de mesures » et se prévaut d’une « flexibilité sans limites », les dépenses pour lutter contre les effets du coronavirus n’allant pas être prises en compte dans le calcul du déficit budgétaire. Faisant appel aux ressources de l’alphabet, il redoute en effet que la crise en V ne se transforme en U ou en L. Traduction, elle ne sera pas de courte durée. Mais, formellement, le pacte sera respecté, tout juste mis entre parenthèses… Plus la pandémie va durer, plus les transgressions vont s’approfondir.

Aux États-Unis, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin assure péremptoirement que tout cela ne pas durer, mais d’étranges phénomènes se produisent déjà dans le système financier. Les prix des actions et des obligations baissent simultanément, au lieu de varier en sens opposé, tandis que la valeur refuge de l’or voit son cours baisser, exprimant un besoin de liquidités urgent pour notamment répondre aux appels de marge des chambres de compensation.
Et l’économie n’est pas épargnée, comme l’indique la hausse du cours des Credit Default Swaps (CDS) qui assurent le risque des obligations d’entreprise. Les achats de protections grimpent, car personne ne sait où tout cela va, et les investisseurs commencent aussi à retirer leurs billes des méga fonds d’investissement.

Tout n’est cependant pas perdu, confinés et reclus, les italiens ont trouvé une parade à l’isolement et le moyen de se manifester collectivement : ils chantent au balcon !

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