Ils ne pourront pas prétendre ne pas avoir été prévenus des deux grandes menaces clairement identifiées qui pèsent sur l’avenir de nos sociétés, le réchauffement climatique et l’accroissement des inégalités ! Mais la réponse qu’ils prétendent y apporter est-elle à la hauteur quand le « greenwashing » est de rigueur et le label ESG de la gestion socialement responsable est distribué à tire-larigot ?
Comme les dirigeants politiques, les financiers ont du métier et savent choisir leurs mots afin de se présenter sous leur meilleur jour. Ils soignent leur positionnement tout en baignant dans le flou régnant sur les critères d’attribution de labels ronflants. À ce titre, les produits financiers sont vite déclarés « verts » et socialement responsables faute de certification incontestable, et les investisseurs s’en satisfont, chacun y trouvant son compte. Tout en souplesse, le système financier se met au goût du jour.
Mais cela ne va pas jusqu’à affubler tous les autres produits toxiques d’un avertissement du genre de celui qui figure sur les paquets de cigarette. Car la dévalorisation des actifs associés à l’émission de carbone créerait de très sérieux dégâts, systémiques et donc non mesurables. Surtout si les agences de notation la devançaient en baissant leurs notations… et en précipitant le mouvement ! Pour bien faire, il faudrait que les banques centrales absorbent ces actifs à la manière des « puits de carbone », forêts plantées ou stockage souterrain, à qui ce rôle est dévolu pour les émissions de carbone en désespoir de cause.
La compensation carbone – la balance entre émissions et retraits dans l’atmosphère – est avant tout une supercherie évitant d’affronter dans toute son ampleur la réduction des émissions. Tandis que l’accroissement des inégalités, qui est au cœur du fonctionnement du système financier, n’est pas prêt d’être entravé. Les indicateurs ne s’y trompent pas, l’accaparement de la richesse par la rente ne cesse de progresser, et la rémunération globale du travail va s’éroder sous les effets de la robotisation.
Nous voilà bien prévenus.