Italie, jour J

La coalition du Mouvement des 5 étoiles et du Parti démocrate, hier l’ennemi le plus vilipendé, verra-t-elle le jour et combien de temps durera-t-elle le cas échéant ?

Les dirigeants des deux partis sont animés par la même volonté de faire barrage à la Ligue de Matteo Salvini, ce qui leur a permis de franchir une à une les étapes en passant les compromis nécessaires. Au final, le président de la République Sergio Mattarella a confié à Giuseppe Conte, reconduit dans ses fonctions, le soin de constituer un gouvernement. Dernière étape et non des moindres, les militants du Mouvement, qui sont consultés aujourd’hui pour donner leur accord final, auront le dernier mot. Le résultat est tendu d’après les sondages, Luigi Di Maio n’ayant pas donné de consigne de vote.

Si elle voit le jour, cette coalition aura deux missions principales, passer à l’automne le cap de l’acceptation du budget 2020 par la Commission européenne, et réformer la loi électorale afin d’éloigner Matteo Salvini du pouvoir. Car si la tenue d’élections proches voulues par celui-ci a été repoussée, l’attelage des deux partis semble aussi improbable que le précédent et il faudra bien se résoudre à y passer.

Les coalitions italiennes se suivent et ne se ressemblent pas mais elles sont toutes aussi instables, réunissant des formations n’ayant pas les mêmes intentions ni les mêmes pratiques politiques. La crise politique est durable et des modifications de la loi électorale n’y changeront rien. L’Italie, comme les autres pays européens, est placée devant la nécessité d’une profonde mutation. Et la société italienne ne trouve pas en elle les moyens de la réaliser.

L’économie flirte avec la récession où elle va replonger et la dette reste encore soutenable seulement en raison des taux d’intérêt extrêmement faibles. Le pays ne trouve pas la voie conduisant à une hausse de la productivité et de l’emploi. Pour parachever les éléments de la crise italienne qui incitent les électeurs à accorder leurs suffrages en priorité à des partis non gouvernementaux, il doit être ajouté à ce cocktail un ressentiment largement partagé opposé à tout accueil des réfugiés, que la Ligue a attisé et que le Mouvement n’a pas combattu, lui-même ayant toujours tenu des propos ambigus à ce sujet.

Il est impensable que la nouvelle coalition prenne à bras le corps les démons de la société italienne, avec lesquels le Parti démocrate était plutôt en symbiose et que le Mouvement attaquait avec virulence. Chacune des deux formations a sa propre clientèle électorale, le Parti démocrate au nord et le Mouvement au sud, cette division de toujours continue d’imprimer sa marque et n’aboutit pas aux mêmes priorités lorsque le moment de gouverner arrive. Pour ne pas parler de tout ce qui les différencie par ailleurs.

Giuseppe Conte a déjà esquissé quelques pistes de travail, citant la baisse de la fiscalité et la lutte contre l’évasion fiscale, un nouvel accent mis sur le développement durable, la mise en place d’un revenu minimum et une réforme du système judiciaire. Il a aussi promis que la hausse de la TVA programmée pour le 1er janvier si un accord budgétaire n’est pas intervenu à Bruxelles ne sera pas mise en œuvre. Mais tout cela va devoir être mis en musique.

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