Dans la tradition des coups de menton

La Ligue a gagné la bataille de l’opinion italienne. Les sondages lui accordent une confortable avance vis-à-vis du Mouvement des 5 étoiles (M5S), renversant le rapport de force des élections législatives. Son score a progressé de 17% à 34% tandis celui du M5S a rétrogradé de 32% à 22%. La coalition en est sortie déséquilibrée, rendant toute opposition à la politique de la Ligue encore plus difficile à mener en son sein. Et le M5S, parti hétérogène et à faible encadrement, concède de plus en plus de terrain.

Le 10 février déjà, les élections régionales dans les Abruzzes ont marqué une large victoire de la Ligue, qui a recueilli 28% des suffrages exprimés, deux fois plus que les législatives de l’an passé, le M5S n’atteignant plus que la moitié de son précédent score selon la même comparaison, soit 20%.

Un récent épisode ne laisse aucun doute au sujet de la pente glissante sur laquelle se trouve le M5S. Matteo Salvini est accusé de séquestration de personnes pour avoir interdit pendant plusieurs jours en août dernier le débarquement de 177 réfugiés secourus par un garde-côte italien. Fallait-il ou non voter la levée de son immunité au Sénat – où la Ligue et le M5S disposent de la majorité – et lui faire affronter un procès ? Ne voulant pas prendre la décision, Luigi Di Maio s’est défaussé sur les membres de son parti en décidant de leur consultation au travers de leur application dénommée Rousseau sur Internet.

L’affaire était délicate, car d’un côté le M5S a depuis son origine réclamé l’arrêt de l’impunité dont bénéficient les hommes politiques, mais de l’autre Luigi di Maio n’ose pas prendre l’initiative de l’appliquer à son allié Matteo Salvini. Et la consultation organisée sur Internet a clairement tranché, plus de 60% des votants ont été défavorables à la tenue d’un procès. La commission pour les immunités du Sénat a depuis rejeté par 16 voix contre 6 la demande de procès du tribunal de Catane, et le Sénat doit se prononcer d’ici un mois en séance plénière. Mais l’issue fait peu de doutes.

L’extrême-droite européenne se sent le vent en poupe. Parvenue au pouvoir en Italie, elle peut espérer s’en rapprocher en Espagne, à la faveur d’une victoire du Parti Populaire et de Ciudadanos où Vox participe déjà à une coalition régionale en Andalousie. Et avec elle s’impose un style fait de coups de menton. Matteo Salvini a donc « exclu catégoriquement » toute correction du budget 2019 en dépit des nouvelles prévisions de 0,2% de croissance pour l’année publiées par la Commission, alors que le pays est en récession. Il répondait ainsi à une déclaration du sous-secrétaire à la présidence du Conseil, Giancarlo Giorgetti, qui annonçait que la question serait tranchée dans les prochains mois.

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