Les marchands d’illusions européens baissent leurs rideaux

S’il y avait encore des illusions sur la possibilité de faire bouger le gouvernement allemand, il faut les abandonner. Puis en tirer toutes les conséquences. À quoi cela sert-il de se plier à une politique faisant de la réduction de la dette la priorité absolue si cela n’est pas assorti d’une relance européenne impliquant la solidarité de tous ?

Les autorités allemandes, assises sur leurs surplus commerciaux et leur déficit budgétaire zéro, ne veulent en rien s’engager dans ce qui pourrait aboutir à une politique de mutualisation, faisant de leurs dogmes une logique de fer. On a connu discours plus Européen ! Aucun des dossiers en suspens ne semble pouvoir trouver grâce à leurs yeux ; c’est Nein ! sur toute la ligne. D’après le Frankfurter Allgemeine Zeitung qui publie les détails, il n’y aura pas de budget de la zone euro, pas de réforme du MES et pas d’assurance des dépôts bancaires, le dernier pilier de l’Union bancaire. Toute nouveauté est rejetée au sein de la CDU. Angela Merkel voudrait bien s’engager un peu mais elle est barrée par les conservateurs de son parti, et le SPD se désintéresse du dossier européen.

Cela va plus loin encore. Le gouvernement allemand voudrait assujettir à des conditionnalités la restructuration de la dette grecque – sujet en cours de discussion – ce qui reviendrait à imposer à un pays dévasté un nouveau plan de sauvetage qui n’en porterait pas le nom…

Emmanuel Macron n’a plus de politique européenne. Et, sur le dossier Syrien, se trouve en accord avec le gouvernement britannique et non pas allemand ! Mais les conséquences du refus allemand vont plus loin et imposent une réflexion sur l’avenir de l’Europe. Le débat à mener ne porte même plus, comme cela a été longtemps le cas, sur le choix à faire entre une Europe fédérale ou une zone de libre-échange plus ou moins sophistiquée. La rigidité allemande et le départ britannique sonnent le glas de l’une et de l’autre. Les autorités européennes font face sans le reconnaître à une cruelle constatation : dans sa configuration actuelle, l’Europe n’est pas viable et cela se manifestera à la première occasion. La construction d’une autre Europe doit être entamée.

Des pôles sont déjà constitués en son sein. L’un regroupe les nouveaux venus de l’Est, l’autre les partisans de la politique allemande, seuls les pays du sud se révèlent incapables de se regrouper en défense d’une autre politique.

D’autres épisodes vont venir, qui semblent destinés à confirmer ce triste pronostic. Le choc commercial voulu par Donald Trump va affecter en priorité l’économie allemande, si Angela Merkel ne parvient pas à l’empêcher. Mais quelle motivation les autres pays européens ont-ils à exprimer une solidarité qui n’est pas payée de retour ? La fermeture des frontières aux réfugiés laisse des millions d’entre eux qui sont parvenus à entrer en Europe, en Italie et en Grèce plus particulièrement, dans une situation de grande précarité, alors que la plupart des pays de l’Est se refusent à en accueillir et que d’autres comme la France multiplient les obstacles. Toujours sous les effets de la vieille Ostpolitik, le gouvernement allemand se refuse à affronter le régime russe comme le préconisent français et britanniques. Enfin, comment l’Italie va-t-elle pouvoir satisfaire aux exigences européennes avec son énorme dette, son système bancaire vérolé par les prêts non remboursés et sa crise politique endémique ?

L’hypothèse d’un desserrement de l’étau étant exclu, la prochaine crise sera la bonne. L’Europe se démantèle, elle est vouée à éclater. Au mieux, elle vivotera. Encore bravo !

17 réponses sur “Les marchands d’illusions européens baissent leurs rideaux”

  1. On saura si Manu a déjà baissé pavillon , ce dimanche, si l’Europe passe à la trappe médiatique , ou n’est évoquée qu’au travers rapide de l’échéance de 2019 .

    On aimerait aussi entendre la gauche de façon coordonnée sur ce pilier plutôt que sur NDDL .

    Pas le moment de snober les britishs .

    1. Que voulez-vous dire par « Pas le moment de snober les britishs . » ? M’est avis qu’ils sont en train de perdre la tête. La « gouvernante anglaise » ferait bien d’avoir une juste appréciation de ses possibilités.

  2. Merci pour ce panorama.
    Toute votre première partie montre une Allemagne cadenassée dans ses certitudes N’y a-t-il personne en Allemagne pour comprendre que donner des gages à la droite est sans issue? Et à quoi sert ce surplus financier s’il augmente les insatisfactions internes dont les extrémistes font leur beurre? La crise de l’Europe est d’autant plus probable que l’Allemagne ne veut rien lâcher, sauf des mesures restrictives, ou punitives concernant la Grèce par exemple.
    Les autres pays veulent lui faire jouer un rôle, sans doute obnubilés par sa richesse présente, que cette Allemagne à la dérive est incapable d’assumer.

    «l’Europe n’est pas viable et cela se manifestera à la première occasion.»
    Tout drôle de voir une vieille conviction intime risquer de «se manifester à la première occasion.»

    N’empêche que les propositions des pays du nord ne sont qu’un décalque des desiderata allemand. Rien de novateur à en attendre. Ma référence est de celle Johan Leestemaker sur le blog à Paul Jorion :
    « Finance ministers from Denmark, Estonia, Finland, Ireland, Latvia, Lithuania, the Netherlands
    and Sweden underline their shared views and values in the discussion on the architecture of
    the EMU. » Un texte à langue de bois difficile à déchiffrer.

  3. Voici ce que dit David Van Reybrouck, l’auteur de Contre les élections et de Congo. Une histoire, dans une interview à Mediapart : « on considère que les gens qui sont contre l’Europe actuelle sont des gens qui se trompent ».

    Pour lui il est urgent de réinventer la démocratie européenne pour ne pas voir l’Europe disparaître. « L’anti-européanisme de nos jours fait penser à l’anticolonialisme d’antan. Le parallèle entre les populismes européens et le fascisme n’est pas pertinent. On peut davantage comparer la situation de l’Europe actuelle avec celle d’un colonialisme tardif. Vivre aujourd’hui en Europe, c’est comme vivre au Congo dans les années 1950, avec une autorité opaque qui décide ce qui est bien pour toi et pour ton émancipation, mais ne te laisse pas participer au processus de décision. Cette émancipation sans participation engendre une frustration profonde. J’ai donc apprécié l’idée de Macron de vouloir donner la parole aux indigènes européens, mais je constate qu’il ne veut en réalité écouter que les “évolués”, comme on disait à l’époque du Congo belge. Mais, dans les années 1950, personne n’aurait pu imaginer que les “indigènes” allaient se rebeller et que les colonies africaines allaient disparaître aussi vite. La fin de l’UE est très imaginable. »

    1. Merci. Comparaison éclairante. Savoir où se trouve le bien, sans que les bénéficiaires y participent, est le défaut maximum des sachants et de la couche intermédiaire des évolués. Aussi bien en Algérie qu’au Congo, les colonialistes savaient par le miracle de la science infuse. Et une approche précise de leurs intérêts.
      Reste à savoir si Bruxelles saura montrer la même déception envers les indigènes si peu instruits de leurs avantages. C’est à des moments pareils, le divorce entre gouvernants et gouvernés, que les sachants éprouvent le besoin de changer le peuple. La violence naît de telles frustrations.

      Peut-être, si la capitale européenne n’avait pas été placé dans un pays encore colonialiste au moment de la création européenne, l’évolution de l’Europe aurait été autre… Rome peut-être. L’Italie étant gratifiée d’aventures coloniales très décevantes.

    2. Merci Roberto pour cet éclairage pertinent.

      J’en profite pour insister sur les mérites de l’ouvrage exceptionnel, je pèse mes mots, du livre de Reybrouck, intitulé : Congo (éditions Actes Sud). Ce livre qui a nécessité une très longue enquête de l’écrivain-journaliste Belge néerlandophone sur le terrain et une minutieuse préparation, est une plongée dans ce pays immense qu’on semble découvrir pour la première fois. Le livre retrace l’histoire du Congo sur une très longue période, il est captivant, stimulant intellectuellement, et surtout il donne la parole aux premiers intéressés, les Congolais. Le style est prodigieux.

      On parle aujourd’hui beaucoup de la Chine, des US et de quelques autres pays dans les médias, mais l’Afrique semble comme ne pas exister, ou ne plus exister, comme si elle n’avait jamais eu d’histoire, comme si ce qui s’y est passé, comme si ce qui s’y passe aujourd’hui n’avait absolument aucun rapport avec la marche du monde et notre avenir. Oui, le Congo, ex-Zaïre, est un excellent prisme pour comprendre l’évolution du monde contemporain.

  4. À mes yeux les difficultés des gouvernements qui parviennent plus ou moins à se mettre en place et à y rester dans chaque pays européen (la Grèce ou l’Italie bien sur mais tout aussi bien la Grande-Bretagne ou l’Allemagne) viennent de ce que leur rôle d’intermédiaire entre leurs électeurs les décisions prises à Bruxelles (ou, plus souvent, pas prises) devient de plus en plus intenable.

    L’exemple de la campagne électorale de ceux qui voulaient que la Grande Bretagne reste dans l’Union m’a particulièrement frappé: ils n’avaient pas d’arguments pour montrer comment y rester allait permettre de résoudre les problèmes en suspend (emploi, santé, logement, transports, etc) et ont dû se conter d’annoncer que ça serait pire en quittant l’UE. Les miracles promis par les partisans du Brexit étaient bien plus séduisants.

    À moins d’une menace extérieure forte et évidente, le statu quo européen sera de plus en plus difficile à promouvoir dans les différents pays de l’Union.

  5. nous sautions comme des cabris à l’évocation européenne, nous sommes devenus de vieilles chèvres dans l’impossibilité d’un sursaut.

    1. Du temps où j’étais cabri, chais pas bien si je sautais en bêlant « l’Europe, l’Europe! », trop jeune pour ça. Mais j’ai bien assisté à sa conférence de presse retransmise à la TV NB. Il avait du ressort, le bougre, plus que le débit de ses paroles ne le laissait deviner.

      L’âge venu, je préfère être une vieille chèvre plutôt qu’un vieux bouc. Question de respect pour autrui, rapport à l’odeur.
      [ Mes excuses, je n’ai pas su résister.]

      1. l’Union Européenne fut un projet magnifique pour en terminer avec la ritournelle guerrière. Elle devient le bouc-émissaire victime de l’abandon de la force de la véritable union.

  6. D’accord avec vous GL, sans parler du manque de pédagogie de certains , entre autres et aussi de la duplicité malsaine des politicards de bas étages qui ont plus a voir avec des camelots carriéristes qu’avec des hommes d’Etat….

    Ancien conseiller d’Helmut Khol, Joachim Bitterlich, aussi Hubert Védrine, échanges :

    « H. V.: Les bons sentiments ne garantissent pas la paix. Il faut des procédures, des organisations, qui permettent de détecter les risques et de prévenir les conflits. Nous avons besoin d’artificiers spécialistes des bombes à retardement politiques pour dénouer ces crises ! »

    « J. B.: Cette logique de prévention des crises doit être développée à l’échelon européen. Si nous avions eu ce réflexe au sujet des Balkans, en nous interrogeant sur les difficultés des pays de cette région, nous aurions pu mieux gérer l’arrivée massive des réfugiés en 2015. Aujourd’hui, des fractures sont toujours présentes sur notre continent: discordes entre l’Est et l’Ouest, entre le Nord et le Sud, tensions dans les Balkans, fossé avec la Turquie, et guerre en Ukraine. »
    https://www.la-croix.com/Monde/Hubert-Vedrine-bons-sentiments-nassurent-pas-paix-2018-01-22-1200907761

    https://www.bruxelles2.eu/2018/01/18/rapprocher-les-conceptions-de-defense-avant-une-armee-europeenne-bitterlich/

  7. Malheureusement le scénario le plus probable est en train d’advenir…. pour ceux qui suivent le sujet depuis un certain temps, il n’y a absolument rien d’étonnant, concernant la position allemande en particulier. Si un Varoufakis a pris son bâton de pèlerin il y a presque 2 ans (bien snobé, voire vilipendé par une partie de la « gauche »), c’est que son slogan de départ était malheureusement juste :  » l’urgence de démocratiser l’Europe ou sa désintégration ». Il a été dans les soutes du « paquebot Europe », et de ce « vécu », il en a tiré son diagnostic…Aujourd’hui donc les probabilités sont encore plus faibles, mais cela vaut le coup de se battre pour un nouveau projet d’Europe, car de toute façon dans le paysage politique actuel, rien de satisfaisant (donc il faut inventer)… Et, quelque soit l’issue de ce combat, il en restera toujours quelque chose de positif.

  8. Je suis plutôt convaincu par Emmanuel Todd quand il explique que les différences entre européens sont telles qu’on n’a aucune chance d’avoir une Union Européenne satisfaisante en améliorant celle que nous connaissons. En même temps je suppose que si on l’avait interrogé avant 1789 sur la possibilité d’unifier les provinces du royaume de France malgrés leurs différences (les langues, les coutumes, les lois, les règles concernant les impôts et l’héritage, tout était différent de l’une à l’autre) il serait arrivé à la même conclusion.

    Si on compare avec les horreurs de la guerre de sécession aux États-Unis (600.000 morts, 500.000 blessés et pas mal de séquelles) on peut juger que ça c’est plutôt bien passé pour la France. Est-ce une situation exceptionnelle n’ayant que peu de chances de se reproduire ailleurs? Y a t’il d’autres cas d’effacements de frontières sans conflit armé?

    1. Au travers de votre commentaire , c’est le contenu des mots nation , peuple , ethnies , patrie , sol ,territoire, pouvoir , communauté , société , volonté , langue commune , héritages , cultures …. qui est interrogé comme il l’est depuis toujours , avec des adhésions et déclinaisons de type  » volontaires parce que conscientisées  » ou ‘ subies par force et contraintes plus ou moins violentes » .

      Cette interrogation est née en même temps que les premiers couples d’homo sapiens .
      Elle a des solutions plus ou moins paisibles , plus ou moins riches selon les zones du globe , mais toutes sont par origine , instables et jamais acquises .
      Les nations , états , groupements européens ne font pas exception à ce perpétuel jeu d’équilibre entre « forces  » qui agrègent et  » forces  » qui éloignent , ces deux natures de forces ayant leur vertu et défaut propre . Ce qu’il m’arrive d’appeler , par extension peut être abusive , le Lien et la Loi .C’est l’environnement commun au monde entier .

      Pour ma part , je continue à appeler peuple , un groupe qui a « raisonné » son adhésion par sa Constitution . Mais une Constitution n’est pas une fin en soi , elle est la transcription des affects , des intuitions , de règles d’organisation et d’un pari commun sur l’avenir proche , éventuellement plus lointain : et c’est l’ensemble de ces composantes qui fait sens ou plutôt qui inscrit le SENS dans une référence compréhensible et consultable par tous ( ou presque , la majorité en démocratie paisible ) .

      J’ai un peu peur que le citoyen devenu consommateur ne sache même plus ce qu’est une Constitution .

      On ne (re) fera jamais Peuple avec une communauté de consommateurs .

      On peut faire des peuples , des confédérations de tous types , avec ou sans « frontières » ces traces de nos seules propres « limites » , uniquement avec des citoyens qui ont globalement un projet de vie ( et d’acceptation de la mort ) qui tienne compte de leurs passés, de leurs intuitions , de leur gestion du réel , de leurs projections à terme , agrégés par le sens dans lequel ils reconnaissent leur raison de vivre et de mourir .

      Je ne vois nulle part dans le monde une utopie réaliste exprimée par qui que ce soit , capable de donner un écho pacifié à cette aspiration .
      Juste des promesses d’avoir « raison  » en exterminant l’autre , heureusement « suspendue  » par la crainte et la certitude d’être soi même exterminé dans le même mouvement .

      Dur , dur , d’être un leader « sauveur » quand personne ou presque ne veut être sauvé .

      Mais en va-t-il différemment depuis que « le monde est monde » ?

      Si , il y a la puissance cataclysmique des forces « finales », dont je ne sais plus si c’est le risque qu’un fou prendra inévitablement , ou la garantie que l’on est contraint à trouver des compromis « supportables  » tant que ces forces sont maîtrisées par des esprits responsables .

      Loin du sujet « Europe » ? Peut être pas .

      Le capitalisme libéral, et les consommateurs heureux sont mortifères ( et ils ne sont hélas , pas les seuls ).

      Si on reparlait de l’étude ( …anglaise ) sur la gratuité ?

      1. Un exemple concret de gratuité :

        Ce qui est tragique au sujet des SDF, c’est qu’il est tout à fait en notre pouvoir de faire quelque chose : l’itinérance n’est pas un choix individuel, c’est une réalité forcée par la politique gouvernementale. Pendant que le nombre des sans-abris a explosé au Royaume-Uni – en hausse de 134% depuis 2010 – il a chuté de 35% en Finlande sur une période de temps similaire. Le gouvernement finlandais a maintenant l’intention de l’éliminer complètement dans les années à venir.

        Je me suis récemment rendu en Finlande pour comprendre comment on s’y est pris. Il s’avère que sa solution est d’une simplicité et d’une évidence aveuglante : donner des logements aux sans-abri.

        Comme me l’a expliqué Juha Kaakinen, qui a dirigé une grande partie de l’action sur le « logement d’abord » en Finlande, lorsque je l’ai rencontré à Helsinki, « cela fait du logement un droit humain fondamental » plutôt que d’être subordonné à l’entrée dans un services de toxicomanie ou de santé mentale.

        Les sceptiques diront que le fait de donner un logement aux sans-abri est la recette pour un désastre. Ne sommes-nous pas simplement en train de subventionner la dépendance ? Ne va-t-on pas se retrouver avec d’énormes factures quand tout va mal ? Les gens n’ont-ils pas besoin d’un incitatif pour remettre leur vie sur les rails et s’engager dans les soins ?

        En fait, non. L’expérience de la Finlande – ainsi que de nombreux autres projets pilotes à travers le monde – montre que le contraire est vrai. Lorsque les personnes reçoivent un logement, le nombre de sans-abris est radicalement réduit, l’engagement dans les services de soutien augmente et les taux de rétablissement de la dépendance sont comparables à une approche  » traitement d’abord « . Ce qui est encore plus impressionnant, c’est qu’il y a des économies globales pour le gouvernement, car l’utilisation des services de santé d’urgence et du système de justice pénale est réduite.
        (Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator)

        http://www.theguardian.com/commentisfree/2018/apr/12/finland-homelessness-rough-sleepers-britain

        http://www.theguardian.com/housing-network/2017/mar/22/finland-solved-homelessness-eu-crisis-housing-first

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