Jusqu’où les robots remplaceront-ils les humains ? Le débat n’est plus aussi vivace, mais il rebondira. La place prise sur les marchés par les robots du trading à haute fréquence (THF) a en attendant de quoi faire réfléchir.
Les spéculateurs auraient-ils trouvé une parade leur permettant de ne pas participer à la course effrénée à la vitesse de transmission de leurs ordres d’achat et de vente ? Pour donner un exemple, les données de marché mettent en moyenne 4,01 millisecondes pour être transmis de Wall Street à Chicago.
Dans ce monde financier de plus en plus complexe et impénétrable, rien que dénicher le volume des ordres et des transactions effectives dont le trading à haute fréquence (THF) est à la source, est un exploit tellement les estimations rendues publiques sont variables – et le plus souvent datées. Il n’en reste pas moins certain que le THF a connu ces dernières années un essor fulgurant et irrésistible sur toutes les places financières.
Préserver la liquidité (1) des marchés financiers – l’une de leurs principales qualités – est l’un des arguments traditionnellement opposé lorsque les régulateurs manifestent de mauvaises intentions. Cela a été notamment le cas quand il a fallu défendre bec et ongles la tenue de marché par les banques (2).
Après avoir longtemps courbé le dos et mené des batailles défensives dans le but de limiter la portée de la régulation, les banquiers européens voient leur moment arriver : les régulateurs ne sont plus à l’offensive, leur tour est enfin venu.
Jadis, les banques centrales faisaient le marché, gendarmes respectés du système financier, que la puissance publique contrôlait. Aujourd’hui, que maitrisent-elles vraiment, du haut de leur indépendance de façade ? Les faits semblent désormais établis : leurs moyens ne sont ni dimensionnés ni adéquats au regard de ce qu’est devenu un monde qui leur échappe. Les mouvements de capitaux sont disproportionnés par rapport à ce qu’elles peuvent mobiliser, et leurs instruments de politique monétaire sont sans prise sur une crise multiforme.
Dans ce nouveau monde, le gigantisme atteint par les institutions financières porte à réflexion. Selon SNL Financial – une société américaine spécialisée dans les informations sur les banques et les assurances – JP Morgan Chase, Bank of America, Citi Bank, US Bank et Wells Fargo, détenaient à elles seules 44 % du total des actifs inscrits en 2013 au bilan des banques américaines, soit 6.780 milliards de dollars. En 1990, les cinq plus grandes banques affichaient un total de 457 milliards d’actifs, soit 9,6 % de l’ensemble des actifs bancaires de la même année.
En prologue de son analyse des bilans de 128 banques européennes, la BCE vient comme prévu de calmer le jeu, confirmant qu’elle entend aborder ce périlleux exercice non sans complaisance. Dévoiler la réalité, c’est replonger l’Europe dans une crise aiguë, trop la masquer c’est perdre toute crédibilité.
Dans une lettre à Sharon Bowles, la présidente de la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen, Mario Draghi donne des assurances à propos du traitement réservé aux obligations souveraines. Elles ne feront l’objet d’aucune dépréciation lors de l’examen, à la seule condition que les banques aient prévu de les conserver jusqu’à leur maturité, lorsqu’elles sont remboursées au nominal, si ni un défaut, ni une restructuration ne sont entre-temps intervenus, et si elles n’ont pas été apportées en garantie… à la BCE. On sait comment les banques jouent de ce classement entre banking book et trading book afin de ne pas dévaloriser leurs actifs et améliorer leur bilan, quitte à revenir dessus quand l’occasion se présente. Les actifs destinés à être détenus jusqu’à échéance sont rangés sur la première étagère et ceux qui font l’objet de négociations sur la seconde.
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