Les crises se suivent et ne se ressemblent pas

Le mot rebond fait fureur ce matin, mais il serait plus sage de s’en tenir à la minorisation des pertes pour rendre compte de la situation des Bourses et du marché pétrolier. Après un « lundi noir », les investisseurs reprennent leur souffle ce mardi, impressionnés par la visite symbolique du président chinois à Wuhan et les déclarations de matamore de Donald Trump. À l’image de la fébrilité des marchés, leur opinion est versatile.

À ce train-là, récession et déflation pendent au bout du nez

Rien de bien nouveau ! avec une croissance économique atone et une inflation sous-jacente de 1%, la zone euro ne se porte pas très bien, pour s’en tenir aux canons de beauté habituels. Les analystes et commentateurs attendent en pure perte une relance et, afin de plancher sur une hypothétique réforme d’un « pacte de stabilité et de croissance » de plus en plus mal nommé, la Commission annonce une large consultation. L’occasion de mettre tout le monde dans le bain afin de lui tenir compagnie.

Le serpent se mord le bout de la queue

Soucieuse de ne pas se froisser les ailes, Christine Lagarde se réfugie derrière une formule pour initiés en réclamant une « policy mix ». Par-là, les économistes entendent la combinaison coordonnée de la politique monétaire et budgétaire, supposant l’adoption d’un plan de relance. La même sempiternelle question est à nouveau posée, le déblocage du resserrement budgétaire qui le permettra est-il dans les tuyaux  ?

Dynamiques du délitement européen

Que va-t-il advenir de l’Europe à force de s’arc-bouter sur la rétention budgétaire ? Bonne fée des banques, la BCE protège la monnaie commune et soulage les budgets nationaux en pesant sur les taux obligataires, un pis-aller qui rencontre ses limites. Et les petits accommodements complices destinés à réduire les déficits et l’endettement n’ont que des effets marginaux. Oui, sur quoi cela va-t-il déboucher ?

Le déni à son comble en Allemagne

Les grands instituts d’études du pays revoient à la baisse leurs prévisions de croissance et tablent désormais sur une croissance de 0,5% cette année et le ministre de l’Économie Peter Altmaier clame « nous n’avons actuellement pas de crise économique. Il n’y a pas de risque de crise économique. Je reste convaincu qu’un débat sur l’équilibre budgétaire n’est ni justifié ni opportun ». Signe qu’au contraire celui-ci est engagé. Les mêmes instituts y contribuent en suggérant de renoncer à l’équilibre budgétaire si le ralentissement s’accentuait.

Le « fétichisme vaudou » allemand

Les propos alarmistes fusent de partout à propos de l’économie allemande. Selon des données qui l’accréditent, elle serait au bord de la récession et son modèle obsolète à bout de souffle. Et il serait vain de se cacher derrière des boîtes d’allumettes en ne voulant voir dans ces statistiques officielles inquiétantes qui s’accumulent que la conséquence de la guerre commerciale américano-chinoise opposant les deux premiers clients de sa production automobile, son fleuron industriel.

L’Europe, à tâtons

Quand l’Allemagne tousse, toute l’Europe s’enrhume ! Ce qui était valable hier pour Boulogne-Billancourt peut s’appliquer aujourd’hui à une échelle bien plus vaste. L’économie allemande flirte avec la récession et pourrait vite y plonger, entraînant la zone euro toute entière. Et il ne s’agit plus aujourd’hui des conséquences de la crise de l’automobile, mais d’une tendance plus générale qui menace d’être encore accentuée par les effets de la guerre commerciale entre les États-Unis et le Chine, ses deux principaux clients.