Les yeux pas en face des trous

En commençant par le V puis en adoptant le W, les lettres illustrant  la reprise de l’économie sont épuisées, sauf le L de plus mauvaise augure. Au fur et à mesure que l’Europe se reconfine, même partiellement, l’économie va replonger, rendant toutes les prévisions hasardeuses. Afin d’impressionner, le ministre Bruno Le Maire prétend pouvoir chiffrer le coût important des nouvelles contraintes qui n’ont pas pu être évitées, mais il n’est pas convaincant au vu des incertitudes. 

Révision scabreuse du pacte de stabilité et de croissance

Les discussions s’enchaînent entre Européens, mais il est urgent d’attendre l’ouverture de la petite nouvelle, tant que le budget pluriannuel de la Commission et le plan de relance européen qui lui est attaché n’auront pas été approuvés par les parlements européen et nationaux. Le sujet n’est pas mince : comment faire évoluer le pacte de croissance et de stabilité régissant les déficits budgétaires, qui a été suspendu, ses dispositions n’étant plus applicables en raison des mesures réclamées par la pandémie ?

Les annonces prématurées d’accord internationaux se succèdent

Les grandes négociations internationales et européennes avancent à pas de tortue, avec toujours le risque de ne pas aboutir. Le sommet européen des 15 et 16 octobre prochains va tenter de franchir les obstacles à l’adoption du plan de relance posés par les États membres ou le Parlement. Mais le débat sur la fiscalité internationale engagé au sein de l’OCDE n’est pas mieux parti pour l’instant.

La déconstruction de l’Europe est en marche

Les voyous s’apprécient et se confortent entre eux. Donald Trump n’a pas l’apanage des comportements cyniques et provocateurs qui font florès, ce qui doit interroger. Au sein de l’Union européenne, le Hongrois Viktor Orbán ne dépare pas et entend tenir la dragée hautes aux autres dirigeants européens afin de couper court à la pression qu’ils exercent pour lui faire respecter l’État de droit européen. En pure perte jusqu’à maintenant et avec des chances réduites par la suite.

Anticipations financières non dites

Faible consolation dans les milieux gouvernementaux et d’affaires, la récession serait un peu moins marquée que prévu en Europe, relançant chez certains des espoirs de relance déjà déçus. C’est sans compter avec le rebond de la pandémie en phase ascendante, qui affecte tous les pays, et avec les effets des mesures destinées à en freiner la propagation, même prises à reculons. Le gouvernement français apparaît une nouvelle fois dépassé par les évènements, sa stratégie de mesures prises localement pas longtemps tenable. Quelles mesures « difficiles », annoncées mais non décidées, va-t-il devoir se résoudre à prendre ?