Billet invité.
Hors de question de reconnaître la spirale descendante dans laquelle l’Europe est placée, car cela impliquerait de reconnaître s’être égaré ! En dépit des mauvaises nouvelles qui s’accumulent à propos de la croissance et de la déflation, les dirigeants européens ne donnent aucun signe tangible de changement de politique, animés par l’idée que ce n’est qu’un mauvais moment à passer et qu’il faut tenir. Eux-même semblent convaincus – ou font comme si – qu’il n’y a pas de politique alternative à celle qu’ils ont choisie, et ils cherchent simplement à l’assouplir. Devant le rejet que celle-ci suscite, ils voudraient la rendre moins explosive en trouvant des accommodements. Tout en spéculant sur la résignation et en laissant supposer que, sans eux, cela serait pire encore. Mais ils ne sont finalement parvenus qu’à mettre en évidence qu’ils sont sans prise sur les événements.
Les dirigeants italiens et français essayent de biaiser afin de ne pas avoir à prendre brutalement des mesures dont ils connaissent l’impopularité – et dont ils craignent les effets en retour – afin de les distiller progressivement tout en les limitant autant que possible. En Espagne, en Grèce et au Portugal, où ils n’ont pas fait dans la nuance, les gouvernements se préparent à prochainement affronter des échéances électorales et allègent à petite dose le fardeau afin de rester dans le jeu. Quand à la BCE, sauveur de dernier ressort désormais en première ligne, elle prend à force de jouer petit bras le risque de faillir à sa réputation et de trahir les espoirs qui sont portés en elle dans la confusion.
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