Disparue de l’actualité, la dette publique va y revenir en août prochain, la Grèce allant sortir de son troisième plan de sauvetage et n’attendant pas cette échéance pour préparer son retour sur le marché.
Otage depuis des mois des désaccords entre ses créanciers, le gouvernement grec n’a eu une fois encore pas d’autre ressource que de plier et de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Ni la reculade du FMI, Christine Lagarde ayant fait le déplacement pour l’appuyer, ni la tentative de compromis du gouvernement français, qui n’aura eu droit qu’à une mention dans le communiqué final, n’auront fait bouger les lignes. Le gouvernement allemand a une nouvelle fois imposé la sienne et refusé tout allégement concret de la dette du pays. Le reste n’est qu’habillage qualifié par Jeroen Dijsselbloem et Euclid Tsakalotos, le ministre grec des finances, de « grand pas en avant ». Vers le précipice ?
La Commission et le nouveau président français sont désormais en mesure de mieux évaluer leurs marges de manœuvre vis-à-vis des autorités allemandes, le ministre espagnol Luis de Guindos venant de s’aligner sur les propositions de celles-ci. La Bundesbank a rejeté sans appel la proposition bruxelloise d’émission des European Safe Bonds – paquets de titres de dettes de plusieurs pays – car elle « pourrait être interprétée comme un pas vers des Eurobonds, c’est à dire un instrument de mutualisation de la dette ». La proposition française d’indexer l’allégement de la dette grecque à la croissance économique du pays n’a pas suscité l’adhésion de Berlin qui fait toujours obstacle à un accord, Wolfgang Schäuble refusant au sein de l’Eurogroupe où il a ses aises l’arbitrage des chefs d’État et de gouvernement lors du sommet de la semaine prochaine, dernière issue pour Alexis Tsipras. Un déclic de dernière instance va-t-il intervenir ?
Une autre version des petites pousses vertes que l’on croit voir au loin fait fureur. Prenant leur désir du retour à la normalité pour réalité, les ECB-watchers – sur le mode des China-watchers – croient percevoir les signaux du tapering de la Banque centrale européenne, qui suivrait l’exemple de la Fed. La BCE se préparerait – à petit pas de bébé selon l’un d’entre eux – à entamer la décrue de ses mesures monétaires non-conventionnelles en procédant à la hausse de ses taux directeurs ou à la diminution de ses achats obligataires.
Il a fallu sept heures aux ministres membres de l’Eurogroupe pour se rendre à l’évidence qu’ils ne parviendront toujours pas à un accord à propos de la dette grecque. Ils remettront donc le couvert lors de la réunion de la dernière chance du 15 juin prochain. Donnant toute la mesure de sa flexibilité, Wolfgang Schäuble a une fois de plus bloqué la discussion, la renvoyant à la fin du plan de sauvetage en cours, en 2018.
À Athènes, les lignes n’ont toujours pas bougé, les épisodes précédents sont rejoués. L’échéance de juillet de plus de 7 milliards d’euros s’approche et les tractations entre les créanciers s’éternisent. La prochaine réunion du 22 mai de l’Eurogroupe va à nouveau être l’occasion de commentaires enjoués sur le thème tout va bien, sans garantie que tout soit bouclé. À ce jour, un insaisissable accord avec le FMI est toujours recherché.
Il y en a qui feraient mieux de se taire ! Le Commissaire européen Pierre Moscovici qui ne résiste pas à un micro tendu, a salué la conclusion d’un accord avec le gouvernement grec encore qualifié de « préliminaire » comme étant « très positif » et allant permettre au peuple grec « de « tourner une page au chapitre de l’austérité ».
Les conciliabules se succèdent sans désemparer, mais le retour d’une crise grecque aiguë n’est toujours pas écarté en raison des désaccords persistants qui subsistent entre les créanciers. Les échéances s’approchent : faute du versement d’une nouvelle tranche de crédit du 3ème plan de sauvetage d’ici juillet, la Grèce fera défaut sur le remboursement de 7 milliards d’euros de créances. Soulignant que l’aide financière a pour objet de faire rouler la dette grecque.
Le monde est cul par dessus tête ! A la veille d’une intense activité de rencontres internationales, Angela Merkel et Xi Jinping ont hier jeudi convenu par téléphone de « promouvoir le libre-échange », alors que l’on apprend que l’administration américaine se refuse à mentionner le rejet du protectionnisme dans le communiqué du G20 finances de Baden-Baden de cette fin de semaine. Une tradition d’une vingtaine d’années fout le camp, avec laquelle il est incertain que le sommet de juillet du G20 de Hambourg puisse renouer ! Pierre Moscovici réclame « une affirmation positive en faveur du libre-échange pour marquer que c’est bien là le cadre dans lequel doit s’organiser la vie économique de la planète » à cette occasion, on verra bien !
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