Billet invité.
Née dans la foulée des années 30, la doctrine de l’ordo-libéralisme pourrait évoluer à l’initiative de son gardien du Temple, la Bundesbank. Classiquement, une division du travail est instituée par cette théorie, qui attribue la conduite de la politique monétaire à la banque centrale, à l’abri du pouvoir politique, confie les affaires budgétaires au gouvernement, et la fixation des salaires et des conditions de travail aux négociations entre employeurs et syndicats des travailleurs. Sortant sans scrupule de sa mission, la Bundesbank propose d’introduire une nouveauté : la création d’un Conseil fiscal européen indépendant au détriment de la Commission européenne.
Au fil du déroulement de la crise, les banques centrales élargissent leurs missions, et la Bundesbank pourtant si respectueuse de l’Etat de droit n’y faillit pas, au nom des intérêts suprêmes qu’elle défend. De son point de vue, tous les moyens sont bons pour rendre irréversibles les dispositions gravées dans un Traité fixant les normes de déficit et d’endettement public, ainsi que pour veiller à leur stricte application : pour la Bundesbank, les dérogations et les assouplissements sont autant d’horreurs. Sa proposition intervient en réaction explicite à l’attribution d’un nouveau délai de deux ans au gouvernement français, afin de respecter son objectif de déficit annuel de 3%.
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