L’armée algérienne en question

L’issue « constitutionnelle » dont se réclamait l’armée depuis la crise ouverte par la candidature avortée d’Abdelaziz Bouteflika a encore perdu du peu de sa substance avec la fin du mandat de 90 jours de la présidence intérimaire. Depuis le 9 juillet, Abdelkader Bensalah est néanmoins resté en fonction en dépit du vide constitutionnel sur lequel il repose, comme si de rien n’était, montrant que cette voie n’est qu’un habillage.

L’enjeu algérien dépasse les frontières du pays

Les mots manquent pour qualifier les mobilisations d’hier. Il avait été souligné que ce vingtième vendredi de manifestations massives coïnciderait avec le 57ème anniversaire de l’Indépendance algérienne, et que cette date symbolique lui donnerait une dimension particulière. Au choix, ces manifestations ont donc mérité d’être qualifiées d’historiques ou de monstrueuses, ou bien des deux à la fois. Non seulement à Alger, mais également à Constantine, Oran, Tizi Ouzou, Bejaia, dans toutes les grandes wilayas et les moins grandes…

En Algérie le système joue l’usure du mouvement

Comme il était prévisible, l’élection présidentielle du 4 juillet a été annulée faute de candidats. Deux inconnus avaient bien remis un dossier au Conseil constitutionnel, mais celui-ci les a retoqués. Aucun autre candidat ne s’est présenté sous la pression des manifestants qui ne veulent pas de cette élection. Ils récusent  le président de la République par intérim, Abdelkader Bensalah, en charge de sa supervision, et réclament également le départ de Noureddine Bedoui (surnommés les 2B).

Le temps des rêves est terminé

Forte de tout son poids dans la société algérienne, l’armée va garder un pouvoir qu’elle a toujours conservé entre ses mains depuis l’indépendance et démontrer que rien ne peut se faire sans elle, Mais dans quelles conditions va-t-elle y parvenir ? Au nom du respect de la constitution, et afin de couper court à tout autre processus dont l’armée risquerait de ne pas conserver le contrôle, le chef d’État-major a choisi de confier l’intérim de la présidence au président du Sénat, le premier des « trois B » que sont Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaiz et Noureddine Bedoui, dont le départ … Lire la suite