La pusillanimité mal à propos de Christine Lagarde

Christine Lagarde a encore sept années de mandat devant elle, le temps risque d’être long ! Plusieurs membres de la BCE sont intervenus au lendemain de sa conférence de presse de jeudi dernier pour corriger le tir en assurant que la banque était prête à renforcer son action face à la situation économique. Une précision nécessaire après une conférence de presse considérée comme bien optimiste et qui a déçu les attentes du monde financier.

Mauvaises et sinistres comédies du pouvoir

En fait des « décisions difficiles » qui étaient annoncées par le Conseil scientifique, le Premier ministre français s’en est tenu à la facilité en appelant au « sens de la responsabilité » de tous, atténuant par la même celle du gouvernement. Pas question, pour l’évacuer, de « se laisser enfermer dans la logique du confinement généralisé ». La liste des départements sur liste rouge va donc symboliquement augmenter, afin de ne pas prendre de dispositions nationales tout en laissant dans le flou les mesures locales dont les préfets auront la responsabilité.

L’abécédaire d’une relance rebelle

Ils n’ont pas fini d’égrener les lettres de l’alphabet. Le « K » a désormais la faveur des analystes pour imager le processus de relance en cours. Une constatation s’impose : elle est inégale, certains secteurs économiques sont sinistrés, d’autres caracolent. D’un côté l’aéronautique, l’industrie automobile, la restauration et l’hébergement, l’évènementiel, de l’autre les nouvelles activités de l’économie numérique.

Lorsque l’impuissance fait loi

Les mauvaises plaisanteries doivent cesser ! Le rebond de la pandémie implique des « décisions difficiles » dont la solution ne court pas les rues, annoncent les autorités scientifiques françaises qui avertissent que l’on va « droit dans le mur ». Mais en quoi vont-elles consister pour ne pas faire obstacle à la reprise du travail ? Selon le FMI, la crise économique mondiale « est loin d’être terminée, une reprise complète nécessitant « une solution médicale permanente », en d’autres termes une vaccination à grande échelle.

Sauvetage en vue des investisseurs dans les obligations pourries

Que faut-il relever pour rendre compte de l’état du monde ? La pandémie qui échappe à tout contrôle, en Inde, au Brésil et aux États-Unis, et de son rebond presque partout ailleurs ? Le tournant que représente la nouvelle donne économique et financière fait de récession et de menace déflationniste avancée ? La maîtrise improbable des émissions des gaz à effet de serre alors que le temps est compté ? Il ne manque pas de sujets annonçant une prochaine catastrophe. Mais comment s’y résoudre ?

Keynes à toutes les sauces gâtées

Jean Castex se prévaut d’un étrange « keynésianisme de l’offre » dont on ne sait trop où il va le chercher. Tandis que la tentation est grande de voir dans l’évolution de la politique financière allemande un tournant  « conceptuel ». Les dirigeants seraient-ils devenus des keynésiens comme l’affirme la correspondante du Monde à Berlin, Cécile Boutelet ? Ou bien plus simplement, le même pragmatisme que celui qui anima les dirigeants américains lors du précédent accès de crise aigüe, il y a une dizaine d’années, n’en est-il pas plutôt à son origine ?

Un plan à courte vue cousu de fil blanc

Le Premier ministre français Jean Castex s’est aventuré sur un terrain peu familier en qualifiant le plan de relance dont il assume la paternité de « keynésianisme de l’offre », un concept qui lui appartient et qu’on lui laissera. Tout est bon pour brouiller les pistes ! Plus prudent, Emmanuel Macron a préféré présenter sa vision de la République en retournant au Panthéon pour s’en tenir au maniement des idées, un terrain où il prétend briller à son avantage.