La demande en berne durable obstacle à la relance

La levée progressive des contraintes du confinement n’est pas entamée, elle se prépare activement mais à tâtons. L’arbitrage a été rendu, le travail doit reprendre, l’économie doit être relancée. De nouvelles mesures sont en discussion afin de financer le redémarrage, mais les coûts additionnés des mesures engagées, qu’ils soient immédiats ou différés, deviennent insoutenables et le débat sur la manière de les régler est lancé, sans trop savoir comment.

Une question avec pour enjeu beaucoup de centaines de milliards d’euros, de livres et de dollars

Manger son chapeau étant indigeste, rien d’étonnant à ce qu’il soit grignoté par petits bouts. Mais cela ne progresse pas sans mal. L’émission de corona-obligations reste bloquée au sein de la zone euro, bien que ce ne soit pas une panacée. Tandis qu’au Royaume-Uni un débat émerge à propos de l’étape d’après, la monétisation en grand des plans de sauvetage par la Banque d’Angleterre (BoE).

Un tout petit peu quand il faudrait beaucoup plus et mieux

Le monde ne tourne plus comme avant faute à une pandémie hors de toute proportion. Ses pics qui avaient été prématurément annoncés se révèlent être des mirages dangereux, et les précautions prises toujours plus insuffisantes. Que penser notamment d’une situation où, faute de prise en charge hospitalière des cas peu symptomatiques de l’infection, leur vie doit être partagée par leurs proches, sans parler du cas des infections asymptotiques non dépistées faute de campagnes de tests ?

Quand tout marche sur la tête, tenez bon la rampe

Les tabous les mieux établis ne résistent pas quand le système marche sur la tête. Quand il est question d’accorder une prime à ceux qui travaillent, tournant le dos à la diminution du « coût du travail » ; quand la valeur refuge de l’or baisse au lieu de monter, ou quand Boeing décide de ne plus verser de dividendes ; ou encore lorsque il est demandé aux grandes entreprises de ne pas se ruer sur les liquidités des banques centrales comme si c’étaient de vulgaires supermarchés.

Les crises se suivent et ne se ressemblent pas

Le mot rebond fait fureur ce matin, mais il serait plus sage de s’en tenir à la minorisation des pertes pour rendre compte de la situation des Bourses et du marché pétrolier. Après un « lundi noir », les investisseurs reprennent leur souffle ce mardi, impressionnés par la visite symbolique du président chinois à Wuhan et les déclarations de matamore de Donald Trump. À l’image de la fébrilité des marchés, leur opinion est versatile.

Divisions et indécisions dans les hautes sphères, une routine

L’habitude était prise, les banques centrales allaient régler tout cela, mais cela n’a pas marché ! La Fed a eu beau baisser en éclaireur son taux principal, elle a donné un coup d’épée dans l’eau. Les Bourses ont continué à flancher et Donald Trump dont c’est le baromètre lui a demandé de le baisser encore. Cela renvoie à une inconnue : comment remédier à une rupture des chaînes d’approvisionnement ?

À la recherche du temps perdu

L’équation financière est ainsi faite qu’il est bien souvent plus aisé de chiffrer les besoins de financement que d’y répondre. Illustrant cette fâcheuse constatation, les dirigeants européens vont devoir à la fois boucler leur budget pluri-annuel et dégager le financement des investissements des programmes de transition écologique et technologique. Mais comment y parvenir sans toucher à des contraintes budgétaires qu’ils ont mis moins de temps à adopter qu’ils vont en mettre pour les retoucher ?