Les manipulations téléguidées du marché obligataire

L’anonymat du marché est une convenance bien utile qui permet de ne pas identifier les acteurs de tel ou tel événement financier important à propos duquel la discrétion s’impose. Notamment lorsque le marché – ou les marchés, au choix – tonne de sa grosse voix pour punir les récalcitrants à une politique de désendettement appelant à être courageux. Précision qui a son importance : font preuve de courage ceux qui imposent cette politique et non pas ceux qui en subissent les effets.

Ces sentences qui condamnent ceux qui les prononcent

Pierre Moscovici a cru pouvoir prononcer une sentence définitive en affirmant que « la dette est l’ennemi de l’économie, elle est l’ennemi du peuple européen ». Bien évidemment, il n’entendait pas par là l’endettement en général, mais la dette publique. Rien de nouveau, direz-vous, sauf que sa déclaration tombe à contre-temps lorsque l’on observe le comportement du marché obligataire.

La BCE ne désarme pas

À l’issue de la première réunion de politique monétaire de l’année de la BCE, Mario Draghi a cherché à rassurer après avoir annoncé que le passage à vide de la zone euro pourrait être plus marqué qu’initialement prévu et durer plus longtemps. Écartant le spectre de la récession, il a néanmoins décrit un avenir fort bouché. Les analystes n’y ont vu qu’un report de la prochaine hausse des taux, jusque-là prévue à l’été, sans avoir encore saisi dans toute son ampleur le message.

Les inégalités ont de beaux jours devant elles

On n’en parlait jamais, on ne parle plus que de cela ! Thomas Piketty a ouvert le ban avec son ouvrage best-seller, et depuis le sujet des inégalités a trouvé sa place dans les débats pour ne plus la quitter. À quoi doit-on attribuer cette soudaineté ? À la concomitance de la venue au pouvoir de Donald Trump, de la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne et de la déstabilisation généralisée des partis de gouvernement européens ? Devenue globale après avoir atteint sa dimension politique, la crise ne se laisse toujours pas ignorer.