Billet invité.
LES ALLEMANDS A LA TÂCHE
Sous les effets de la crise grecque, les événements se sont précipités depuis ce week-end au sein de la zone euro. Les Espagnols, qui assurent la présidence tournante de l’Union européenne, avaient bien tenté il y a plusieurs semaines de lancer le débat à propos d’un gouvernement économique, mais il avait tourné court. Nous y revoilà.
Il vient de rebondir sous une autre forme, à l’initiative de Wolfgang Schäuble, le ministre des finances Allemand, qui a proposé dans la presse allemande la création d’un FMI européen. Celui-ci n’a pas tardé a être appelé Fonds Monétaire Européen (FME), ce qui est aller un peu vite en besogne. « Pour la stabilité de la zone euro, nous avons besoin d’une institution qui dispose des expériences du FMI et de pouvoirs d’intervention analogues », a toutefois déclaré sans ambages le ministre.
A peine avait-il lancé l’idée qu’elle a été immédiatement soutenue dans les colonnes du Financial Times Deutschland par Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, ainsi que par Angela Merkel, puis enfin par une source gouvernementale française prudemment réfugiée dans l’anonymat, ces deux dernières manifestant toutefois une certaine retenue (le temps de voir comment tout cela va rebondir). Car il peut être remarqué que cette soudaine proposition soulève plus de questions qu’il n’a été pour l’instant été apporté de réponses, et qu’un long chemin devra être parcouru pour que soit opérationnel un tel instrument d’entraide financière au sein de la zone euro. Laissant entière la question de savoir comment répondre à d’éventuelles prochaines crises, annoncées comme possibles, en Espagne notamment.
Un élément majeur a toutefois été immédiatement mis en avant, sans que cela soit véritablement une surprise vu la paternité des Allemands sur ce projet. Il a été tout de suite été question des strictes « conditionnalités » (pour reprendre un terme du FMI) qui seraient préalablement mises à toute opération de prêt du futur FME, ainsi que de l’éventail des sévères sanctions qui pourraient être prises contre ceux qui sortiraient du droit chemin de la rigueur budgétaire (suppression de subventions européennes et retrait pendant au moins un an des droits de vote aux réunions ministérielles de l’Union européenne). Mais, pour le reste, tout est à inventer.
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