L’Union européenne pénètre sur une pente glissante

Sur la base d’un contrat de gouvernement de 40 pages et 22 points remanié en deux temps trois mouvements, le Mouvement des 5 étoiles et la Ligue s’apprêtent à accéder au pouvoir. La nouvelle version du document a évacué les éléments mettant explicitement en cause la politique européenne, mais laquelle de la nouvelle ou de l’ancienne exprime au mieux les véritables intentions des deux mouvements, nuances comprises ?

L’impensable italien

L’impensable semble vouloir se réaliser dans les jours qui viennent. Un gouvernement de coalition qualifié d’eurosceptique ou de populiste – les qualificatifs en viennent à manquer – va finalement accéder au pouvoir en Italie par la voie électorale. Et les autorités européennes y assistent impuissantes. Le démantèlement de la zone euro va faire un grand pas en avant, même si elles ne veulent pas se l’avouer, prises totalement à contrepied.

Italie, une fuite, une bombe…

Luigi Di Maio, le leader du Mouvement des 5 étoiles, n’a pas mâché ses mots : s’il parvenait à un accord avec Matteo Salvini de la Ligue, « ce serait une bombe ». On le conçoit aisément à lire le projet du document de 39 pages qui lundi dernier encore résumait leur accord. Un magistral scoop du Huffington Post Italia, qui  remet les choses à leur place. L’accent était mis sur le M5S mettant de l’eau dans son vin pour accéder à tout prix au pouvoir, comme si il allait durablement rentrer dans le rang.

À Rome, un moindre mal pour l’instant

L’arrivée au pouvoir en Italie de la coalition formée par le Mouvement des 5 étoiles et la Ligue va entrainer l’Union européenne, qui décidément accumule les épreuves, dans une seconde phase de sa crise de longue durée. Il n’est certes pas question pour les dirigeants des deux formations de rééditer l’épisode de la victoire de Syriza et de ce qui s’en suivi, mais leur attitude ne revient-elle pas à reculer pour mieux sauter ?

Trump, une chance pour l’Europe au bout du compte ?

L’offensive de Donald Trump a pour le moins pris les autorités européennes au dépourvu, et elles recherchent comment y répliquer après avoir cru pouvoir négocier à l’amiable. Mesurant tardivement leur étroite marge de manœuvre ainsi que leur dépendance, ne pouvant exclure l’hypothèse calamiteuse de sa réélection, les plus lucides entrevoient une seule issue, celle de l’émancipation vis-à-vis des États-Unis. Et ils considèrent que celle-ci doit intervenir sur les trois terrains juridique, militaire et financier.