L’insaisissable changement de l’ordre mondial

Combien de temps vont-ils continuer à jouer à faire semblant, à déplorer l’abandon des relations à l’ancienne mode ? Donald Tusk, le président de l’Union européenne, est dans le vrai quand il reproche à Donald Trump de défier « l’ordre mondial » à l’occasion du G7, mais dans le faux quand il considère implicitement que celui-ci est immuable. D’où le malaise de dirigeants devant cet ordre en train de basculer, qu’ils ne savent pas comment rattraper.

Après l’Italie, l’Espagne va-t-elle rester sous contrôle longtemps ?

Comme s’il tâtait l’eau avant d’y pénétrer, Pedro Sànchez fait son entrée au gouvernement sur la pointe des pieds. Il ne lui est venu à la bouche que le mot de stabilité, et l’on comprend que c’est l’aventure dans laquelle il vient de s’engager qui à cet égard le préoccupe à juste titre le plus, susceptible à priori d’en manquer, de stabilité. Il vise en plus délicat la reproduction du modèle portugais d’un gouvernement socialiste minoritaire appuyé au Parlement par ses alliés, mais le contexte s’y prête nettement moins : Ciudadanos veille.

Une stabilité précaire et pas destinée à durer

Qu’attendre de la situation si, ni les dirigeants allemands, ni les partis du nouveau gouvernement italien ne veulent évoluer ? Certes, aucun d’entre eux n’a l’intention de déclencher la sortie de l’euro du pays, mais c’est pourtant bien ce à quoi ils pourraient contribuer. Et plus vite qu’ils ne le pensent, ne laissant pas le temps à la nouvelle équipe italienne de préparer la mise en œuvre de son plan B, l’émission d’une monnaie parallèle en euros, qui pourrait la différer au moins un temps tout en redonnant des marges de manœuvre.

Le compte n’y est pas, la dynamique du conflit est préservée

Pour couper court à toute spéculation, Angela Merkel a rompu un silence soigneusement entretenu depuis des mois. Elle a d’abord explicité ce que le porte-parole du gouvernement allemand Stefan Seibert entendait hier par l’adoption d’une attitude d’ouverture vis-à-vis du nouveau gouvernement italien : elle propose aux jeunes chômeurs qualifiés italiens de venir travailler en Allemagne.

Le point de non-retour est atteint

Dans le désastre créé par Sergio Mattarella, Le mouvement des 5 étoiles et la Ligue ont une seconde opportunité pour aller au gouvernement, à la double condition de se mettre d’accord ensemble et d’obtenir son bon d’entrée. Mais le président pourra-t-il accepter Paolo Savona aux affaires étrangères ? Et quel sera le ministre des finances ? Le nom d’un ancien directeur général de la Banque d’Italie est évoqué mais, par les temps qui courent, qui peut dire s’il sera ou non acceptable par le président au vu des divisions dans l’establishment que Paolo Savona a mis en évidence ?