UNE CRISE DU SYSTEME BANCAIRE, PAS DE L'EURO, par Philippe Legrain *

Depuis Bruxelles, Eurointelligence adresse quotidiennement ses News Briefing – qui commentent avec pertinence l’actualité de la crise européenne – et publie également des articles d’analyse. Dont ceux de Wolfgang Münchau, publiés par les éditions allemande et britannique du Financial Times, dont il est chroniqueur.

Avec l’autorisation de Eurointelligence ainsi que celle de son auteur, nous publions une traduction de la contribution de Philippe Legrain.

Billet invité.

Les dirigeants européens doivent regarder la réalité en face : leur stratégie contre la crise qui traverse l’eurozone échoue lamentablement. Loin de prévenir la contagion, elle la favorise. Elle n’allège pas le problème de la dette, elle l’aggrave. Elle provoque des conflits entre pays et en leur sein. Et elle n’aborde pas le problème de fond : le pétrin du système bancaire européen. N’est-il pas temps de s’y prendre autrement ? 

Le problème provient en partie d’une analyse erronée de la crise. Celle-ci est d’abord une crise non de l’euro, mais du système financier mondial. Il y a peu de temps, la préoccupation majeure du marché était le dollar et l’assouplissement quantitatif de la Réserve Fédérale américaine. Aujourd’hui, la question clé en Europe n’est pas celle des mérites de la monnaie unique mais l’état périlleux du système bancaire. 

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L'actualité de la crise: ils font monter les enchères, par François Leclerc

Billet invité.

ILS FONT MONTER LES ENCHÈRES

Tout à leur souci de désamorcer une crise qui continue de leur glisser des mains, les dirigeants européens viennent de prendre le risque de faire monter les enchères à l’occasion de leur sommet du 17 juin.

N’ayant rien d’autre de tangible à proposer – une fois de plus dans l’urgence, et cette fois-ci en raison de la situation espagnole – ils se sont finalement résolus à décider de rendre public les stress tests des banques. Une suggestion qu’était pourtant venu leur faire en urgence il y a plusieurs semaines Tim Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor américain, qui en avait déjà utilisé aux Etats-Unis la recette. Mais jusque là sans avoir été entendu.

Ce geste contraint, salué par tous les commentateurs qui en venaient à désespérer d’eux, vaut certes reconnaissance que la situation des banques est au centre des inquiétudes des marchés, ce qui prend les dirigeants européens à revers d’une stratégie de communication toute entière axée sur les déficits publics et l’austérité. Mais va-t-il être pour autant suffisant pour calmer la situation ? Depuis des mois déjà, les chefs d’Etat et de gouvernement nous ont en effet habitués à accumuler des décisions tardives et inopérantes. La dernière en date étant un mirifique plan de stabilité financière qui n’est toujours pas opérationnel et pour lequel des flous sont encore entretenus, en raison de divergences qu’ils ne parviennent pas à masquer.

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