« Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » (Montaigne)

La plus grande incertitude règne depuis qu’il a été reconnu par les plus lucides qu’un nouvel épisode aigu de la crise déclenchée en 2008 était en cours. Avec comme seul recours de se raccrocher à l’idée qu’il sera de courte durée, en « V », comme les dirigeants des banques européennes en ont exprimé la certitude prématurée lors d’une conférence à Londres. Signe du désarroi qui s’est emparé pourtant des meilleurs esprits, certains dénoncent le retour au « dirigisme », pris à contrepied par l’avalanche de mesures gouvernementales et l’utilisation du mot honni de « nationalisation » (*) !

Les alarmes insuffisantes, le tocsin sonne

Faisant suite à l’ouverture en grand des vannes de la Fed et à la reprise de ses achats de titres, l’administration Trump annonce un faramineux plan de plus de 800 milliards de dollars dont les modalités ne sont pas encore connues. Un chèque pourrait être envoyé à chaque américain. Les deux voient en très grand après avoir pris la mesure de la dépression économique qui va s’approfondir. Aux États-Unis, et dans le monde entier.

La Fed dans ses grands jours, l’Europe dans ses plus mauvais

Aux États-Unis, les craquements se multipliant au sein du système financier, la Fed a fait feu de tout bois. La plus spectaculaire mesure a été la baisse de son principal taux, qui va officiellement fluctuer entre 0 et 0,25%. Les bourses européennes ont toutefois continué à plonger et, en attendant l’ouverture de Wall Street, la baisse de 5% intervenue sur l’indice S&P 500 des futures n’augure rien de bon.

Les marchés se révoltent, du jamais vu

Les places européennes et Wall Street ont connu hier leur pire journée. Les investisseurs ont manifesté sans fard leur profond désarroi, comme s’ils attendaient un miracle qui ne vient pas. Connaissant bien leur monde, ils savent que les banques centrales peuvent tenir le système financier hors de l’eau mais pas soutenir l’économie qu’ils ressentent être en péril. Le déclencheur du rebondissement de la crise de 2007 que l’on cherchait dans les profondeurs du système financier est désormais connu et, oh surprise ! il est exogène.

Quand tout fout le camp

Les règles les plus intangibles ne sont pas faites pour être respectées quand les circonstances deviennent exceptionnelles. Que ce soient celles du « pacte de stabilité » européen ou bien du « déficit zéro » allemand. Angela Merkel l’a signifié hier et cela devient parole d’Évangile. Cela pose toutefois plusieurs questions : quelle va être l’ampleur de ce tournant, combien de temps va-t-il durer et comment pourra-t-il être revenu dessus ?