Billet invité.
Ce n’est que petit à petit qu’est mesurée l’ampleur des changements intervenus dans l’électorat allemand. Le score du SPD et de l’AfD ont d’abord été relevés, mais celui de la CDU et de la CSU mérite de l’être tout autant. Et c’est aujourd’hui que va être connue la défausse d’Emmanuel Macron.
D’après Handelsblatt, 1,6 million des 12,4 millions des électeurs se sont éloignés de la CDU, et 400.000 des 2,9 millions des électeurs bavarois ont abandonné la CSU. Angela Merkel doit résoudre une toute nouvelle équation politique : comment récupérer ces électeurs dans le contexte d’une coalition avec le FDP et les Verts ? De toute part, il est prédit que la gestation de celle-ci va être longue, mais il peut être également annoncé que la paisible vie politique allemande va devenir très mouvementée. De manière significative, Wolfgang Schäuble est déjà donné pour s’installer à la présidence de la République afin d’y jouer le parrain…
Ne pouvant suivre le chemin qu’il avait initialement tracé, Emmanuel Macron va se faire le héraut de la démocratisation de l’Europe avec sa proposition d’une liste multi-nationale pour les élections européennes et le lancement de grands débats d’idées qu’il cherche à impulser. La relance financière qu’il attendait du moteur franco-allemand connaissant un gros raté, il va jouer sur le registre des coopérations renforcées.
Pour avancer, cinq domaines sont sélectionnés : le numérique, le climat, la sécurité, les questions migratoires et les questions économiques et commerciales (entendez la relance des traités commerciaux). Faute de mieux, des mesures « emblématiques », c’est à dire symboliques, vont être proposées. La création d’un poste de ministre des finances sera rétrogradée à ce rang, en raison de ses pouvoirs encadrés et ses moyens financiers très limités. Le programme doit d’être chargé pour faire oublier ce qui est laissé de côté de ses intentions.
Le développement des inégalités n’est pas retenu, à la source de ce « populisme » et de la déstabilisation politique qui secoue toute l’Europe, Allemagne comprise désormais, les États-Unis n’étant pas en reste. La crise politique illustre un terrible manque que la classe politique ne comble pas, quand l’ancien monde chancelle et le nouveau se fait attendre.