Billet invité.
Que peut-il être espéré des élections allemandes qui justifierait d’en attendre le résultat pour formuler des propositions d’avancées européennes comme Emmanuel Macron l’a posé ? La victoire d’Angela Merkel donnée pour certaine, celle-ci pourrait-elle accepter, une fois de cap franchi, ce qu’elle a déjà repoussé aujourd’hui ?
La campagne électorale qui se termine laisse à cet égard peu d’espoir, le coup de frein fiscal européen inscrit en Allemagne dans la loi fondamentale n’étant remis en cause par aucun des partis pouvant accéder au gouvernement. Angela Merkel a délimité par avance les nouveautés proposées par Emmanuel Macron qu’elle peut accepter. Enfin, Wolfgang Schäuble devrait conserver son poste stratégique de ministre des finances, tout un symbole.
La spectaculaire percée dans les sondages de Martin Schulz vite oubliée, la venue d’une coalition SPD – Verts – Die Linke un instant envisagée a perdu toute crédibilité. Et il ne reste sur le tapis que différentes formules gouvernementales reposant sur la coalition sortante CDU/CSU – SPD, les Verts et le FDP pouvant s’y joindre. Rien qui augure d’un changement notable de politique.
Deux proches fins de mandat doivent également être prises en considération : celles de Mario Draghi à la tête de la BCE ainsi que celle de Jean-Claude Juncker à Bruxelles. Leur succession représente deux occasions de renforcer le dispositif assurant la prééminence politique allemande en Europe et la poursuite de sa politique. Enfin, cerise sur le gâteau, Wolfgang Schäuble veut déposséder la Commission de sa mission de surveillance budgétaire des pays de la zone euro pour la confier au Mécanisme européen de stabilité (MES), qui est de son point de vue en de bonnes mains. Le gouvernement français est dans la coulisse opposé à ce dernier changement, mais a-t-il les moyens de l’empêcher ? Et si c’est le cas, que devra-t-il en contrepartie accepter ?
Emmanuel Macron remplit de formules ronflantes vingt pages de l’hebdomadaire Le Point. Quand il aborde la politique européenne, il joue sur une valeur éprouvée – la peur – en défendant une « Europe qui protège » (de qui ?), mais croit-il vraiment obtenir son projet d’exécutif, de parlement de la zone euro et de budget européen de « plusieurs points du PIB » ? À moins que ce ne soit que de l’affichage afin de pouvoir dire plus tard qu’il a tout essayé.
À nouveau, le président n’a pas l’épaisseur requise pour tenir son rôle, la monarchie républicaine à la française est en bout de course.