Billet invité.
Sans attendre le résultats des élections allemandes, les grandes manœuvres entre autorités européennes ont commencé afin de tenter de sortir de l’impasse dans laquelle elles se sont ensemble toutes seules fourvoyées. Une première rencontre entre les chefs d’État et de gouvernement allemand, espagnol, français et italien, le 28 août, va permettre de faire un point d’étape.
Début du mois, Mariano Rajoy a publiquement annoncé « miser sur un ministre des Finances européen et sur un budget européen qui permette de rapprocher progressivement les niveaux de vie et de richesse de tous les pays européens », ainsi que sur « un Trésor européen émettant des euro-obligations ». À débattre !
D’après le quotidien allemand Bild, Wolfgang Schäuble étudierait la création d’un fonds d’urgence de la zone euro destiné à soutenir l’investissement. En contrepartie de cet accès facilité au Mécanisme européen de stabilité (MES), auquel une nouvelle mission serait confiée, le ministre voudrait que celui-ci ait son mot à dire sur les projets de budget des États membres et sur leur niveau d’endettement, la Commission soupçonnée de laxisme dessaisie.
En engageant son mandat, Emmanuel Macron s’était inscrit dans ce même cadre, en promettant de montrer patte blanche en mettant prioritairement le déficit budgétaire dans les clous.
En complément du bâton, la carotte ! À croire que les réformes structurelles tant vantées ne sont pas ce levier de la croissance qui était promis, et que des programmes d’investissement européens sont nécessaires afin que ceux qui y ont été contraints y parviennent. Et que, sous une forme donnant le maximum de garanties aux pays les mieux pourvus, il faut en passer par une mutualisation de leur financement.
La contrainte du marché qui s’exprime sur les taux obligataires n’opérant pas, en raison de leur faible niveau dont l’intervention de la BCE est à l’origine, un nouveau mécanisme se révèle nécessaire en renfort afin d’imposer les réformes libérales qui restent l’objectif poursuivi. Le déficit budgétaire n’est qu’un prétexte, son seuil maximum de 3% du PIB n’ayant en soi aucune signification économique. Seul compte le rapport entre le déficit et le taux de croissance, si l’on veut y faire référence.
Les tractations sont engagées. Sous couvert du renforcement de l’intégration européenne, un nouveau mécanisme va être mis en selle, un habillage politique va lui être donné, de nouvelles promesses vont l’accompagner. Mais il ne va toujours pas être décidé de distribuer du pouvoir d’achat, et encore moins de réduire les inégalités. Et pas question de toucher au programme de réformes structurelles !