Billet invité.
Les autorités maritimes de Tripoli sont vite revenues sur l’interdiction notifiée verbalement aux navires des ONG de pénétrer dans la zone de recherche et de sauvetage (SAR) dont elles ont annoncé la création, dans l’attente de l’autorisation de l’Organisation maritime internationale.
Ni celle-ci, ni les autorités italiennes ne pouvaient laisser aussi ouvertement bafouer la liberté de circulation dans les eaux internationales, SAR ou pas SAR, a fortiori quand il s’agit d’y interdire expressément les opérations de sauvetage des ONG. Pas plus qu’elles ne peuvent avaliser les manœuvres d’intimidation des garde-côtes libyens en dehors des eaux territoriales. MSF a qualifié la création de cette zone « d’attaque inacceptable contre la vie et la dignité des personnes », le sujet est politiquement sensible.
Dans un communiqué, la marine libyenne a prétendu contre toute vraisemblance que « nous n’avons annoncé aucune zone d’interdiction et nous n’avons interdit à aucune partie ou organisation d’effectuer des sauvetages d’une manière claire et transparente. Ce que nous avons annoncé vise à organiser le travail qui était devenu arbitraire et hasardeux ». Après le code de bonne conduite italien, se profilerait donc une autre réglementation. Si elle devait se concrétiser, dans quelles conditions les opérations de sauvetage des ONG seront-elles en mesure de se poursuivre ?
Les moyens de la marine libyenne sont clairement insuffisants pour contrôler la zone très étendue sur laquelle ils revendiquent la responsabilité des opérations de sauvetage. Est-ce à dire qu’ils espèrent que les moyens qu’ils souhaitent obtenir des autorités italiennes pourront être affectés à ce contrôle ? Exprimant leur « regret » à propos de la suspension des opérations des ONG, dénonçant « une campagne de dénigrement » qu’elles ont bien cherché, les autorités maritimes de Tripoli essayent de retomber sur leurs pieds. Mais le gouvernement italien ayant dû accepter de négocier les termes de son code de conduite avec les ONG, les autorités libyennes vont-elles pouvoir tenir la plume pour régenter leurs opérations ? Le fonctionnement des SAR est encadré par le texte de conventions, qu’il faut au moins formellement respecter.
Dans la pratique, la poursuite des opérations des ONG s’annonce pleine d’embûches s’ils obtiennent de les coordonner.