Billet invité.
À Athènes, les lignes n’ont toujours pas bougé, les épisodes précédents sont rejoués. L’échéance de juillet de plus de 7 milliards d’euros s’approche et les tractations entre les créanciers s’éternisent. La prochaine réunion du 22 mai de l’Eurogroupe va à nouveau être l’occasion de commentaires enjoués sur le thème tout va bien, sans garantie que tout soit bouclé. À ce jour, un insaisissable accord avec le FMI est toujours recherché.
Les hypothèses les plus invraisemblables de croissance et d’excédent budgétaire sont couchées sur le papier, aussi bien par les uns que par les autres, afin de crédibiliser un plan de remboursement grec dont tous savent qu’il ne sera pas respecté. Le pays était encore en récession l’année dernière et l’on entend Pierre Moscovici, qui ne perd jamais une occasion de se taire, expliquer que la croissance s’améliorera si l’austérité se durcit ! Le gouvernement grec doit revenir d’ici la fin de cette année sur le marché pour se financer, le plan de sauvetage en cours se terminant en 2018, mais c’est un pari très audacieux !
Emmanuel Macron s’est clairement déclaré en faveur d’une restructuration de la dette grecque – qui représentait 179% du PIB en 2016 – parce que « le système est intenable » et il a reconnu que « nous savons tous qu’il faudra en venir là »… Ce n’est pourtant pas la solution qui est étudiée, qui repose sur un réaménagement de la dette et non sur sa restructuration, c’est à dire un abandon de créances. Mais cette pseudo solution se heurte à une difficulté : la baisse des taux est limitée, si l’on ne veut pas descendre en-dessous des taux consentis par les créanciers pour leurs emprunts, et il ne reste plus alors comme paramètre sur lequel jouer que la maturité des prêts. Les simulations montreraient que les premiers remboursements ainsi que le payement des intérêts devraient être différés à l’année 2100 pour que ce réaménagement soit significatif à minima… Quoi qu’il en soit, on voit mal un nouveau dispositif annoncé avant les législatives allemandes de septembre prochain !
La course contre la montre va se poursuivre, avec à nouveau comme enjeu une sortie de la Grèce de la zone euro. Le ministre des finances slovaque Peter Kazimir a-t-il vendu la mèche en déclarant que le FMI allait finalement soutenir le plan de sauvetage pour satisfaire le gouvernement allemand, mais que sa participation financière serait symbolique ? En Grèce, Le ministre des Finances Euclide Tsakalotos se prévaut devant les députés de contre-mesures en faveur des plus démunis d’un montant de 7,6 milliards d’euros afin de remporter l’adhésion des élus de Syriza lorsqu’il faudra voter de nouvelles mesures d’austérité touchant les retraites et abaissant le seuil d’imposition. Mais leur financement n’existe que sur le papier et dépendra du dépassement des objectifs d’excédents budgétaires. Toute cette fiction est d’une extrême fragilité.