Billet invité.
Les conciliabules se succèdent sans désemparer, mais le retour d’une crise grecque aiguë n’est toujours pas écarté en raison des désaccords persistants qui subsistent entre les créanciers. Les échéances s’approchent : faute du versement d’une nouvelle tranche de crédit du 3ème plan de sauvetage d’ici juillet, la Grèce fera défaut sur le remboursement de 7 milliards d’euros de créances. Soulignant que l’aide financière a pour objet de faire rouler la dette grecque.
Selon Jeroen Dijsselbloem, le gouvernement grec serait finalement prêt à effectuer des coupes supplémentaires dans les retraites en 2019 et à augmenter les impôts en 2020, comme réclamé avec insistance. Euclid Tsakalotos, le négociateur grec, a promis une prochaine adoption de ces mesures par le Parlement, où la majorité de Syriza est très étroite, faisant valoir aux parlementaires que les créanciers avaient en contrepartie accepté que la Grèce pourrait accroître ses dépenses à caractère social si elle parvenait à atteindre les objectifs budgétaires demandés. Cette perspective est cependant très improbable dans l’état actuel de ceux-ci.
Le retour présumé de la Grèce à la croissance a été démenti par les dernières estimations de l’Office grec des statistiques, selon lesquelles le PIB a stagné l’an passé. Dans ce domaine aussi, le FMI marque sa différence en révisant les prévisions, s’attendant à une croissance de 1% à moyen terme, un niveau bien inférieur au taux de 2,8% retenu dans les projections officielles, auquel le gouvernement grec fait semblant de croire dans l’espoir de permettre un accord, quitte à le renégocier ultérieurement.
Reste sur le tapis la lancinante question de la restructuration de la dette, qui oppose le FMI et le gouvernement allemand. Christine Lagarde a mis un peu d’eau dans son vin en acceptant que le détail d’un plan de restructuration de la dette ne soit discuté que les élections allemandes passées, mais elle continue d’exiger un accord de principe immédiat comme préalable à la participation financière du FMI au 3ème plan de sauvetage, afin de juger du « degré d’engagement » des créanciers européens. « L’étendue » de cet allègement sera décidée « à la fin du programme », mais « les modalités » doivent en être décidées « à l’avance », a-t-elle souligné sans préciser le sens de ce subtil distingo.
Les autorités américaines ne seraient pas opposées à une solution impliquant le FMI, un haut responsable du Trésor ayant déclaré la semaine dernière « nous attendons des Européens qu’ils aident la Grèce à résoudre ses problèmes économiques et nous pensons que le FMI peut jouer un rôle de soutien. Nous examinerons tout accord potentiel en étant ouverts d’esprit », apportant une réponse aux interrogations portant sur l’attitude de l’administration américaine, dont le poids au sein du FMI est déterminant.
La redoutable question de la dette, vu le tabou qu’elle représente, sera très certainement au menu des discussions lors de la réunion annuelle du FMI à Washington des 21 et 22 avril, mais le suspens risque fort de durer.
À suivre…