Billet invité.
Ses créanciers ne s’entendant que pour exiger de nouvelles mesures d’austérité sur les retraites et les impôts, le gouvernement grec a décidé de résister, faisant le pari que le temps joue pour lui. Les aviateurs appelaient cette figure d’acrobatie « passe frontale », lorsque leurs deux appareils fonçaient l’un sur l’autre, le perdant étant celui qui déviait de la trajectoire mortelle au dernier moment. Parfois, il y avait à ce jeu deux perdants.
Dans le camp des créanciers, il n’est plus question de se déjuger. Le FMI doit restaurer une crédibilité qu’il a perdu en prêtant à un État dont la dette n’est pas soutenable, et les autorités européennes ne peuvent accepter une réduction de la dette désormais aux frais des contribuables. Du côté grec, où l’on a déjà tout vu et beaucoup subit, quel risque y-a-t’il à tenter le tout pour le tout ? Il est spéculé que les créanciers ne pourront pas se permettre une sortie en catastrophe de la Grèce de la zone euro en prologue des élections allemandes et espéré que le SPD les remporte.
Voilà à quoi les uns et les autres en sont réduits. « La Grèce n’a pas besoin et n’adoptera pas un euro de plus de mesures de rigueur », a insisté le ministre de l’économie Dimitris Tzanakopoulos, tandis qu’Euclide Tsakalotos, le ministre des finances, pourrait selon des rumeurs accepter de baisser le seuil de non-imposition, mais à condition qu’un allègement de la dette soit consenti. Le premier ministre français Bernard Cazeneuve, en désespoir de cause, déclare « nous devons poursuivre le travail engagé, qui nous a permis de maintenir la Grèce à bord de la zone euro, c’est une nécessité ». « Chacun comprend clairement qu’il est dans l’intérêt de tous de finaliser rapidement », insiste également le chef de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. Mais Angela Merkel ainsi que Wolfgang Schäuble ne disent mot.
Le prochain Eurogroupe du 20 février ne sera pas en mesure de conclure…