Billet invité.
Les années passent, les assemblées générales du FMI se succèdent, et avec elles des rapports portant sur la stabilité financière globale dont les préconisations ne témoignent pas, c’est le moins que l’on puisse dire, d’une grande prise sur les évènements.
Les prévisions du Fonds de cette année ne s’améliorent pas et traduisent une vision particulièrement sombre de l’évolution de la zone euro à moyen terme, avec une nouvelle mise en garde : la relance de l’économie ne sera pas suffisante pour soutenir le secteur financier, qui se confirme être le grand malade. Élargissant son propos au secteur des assurances, le FMI remarque que les autorités européennes n’ont pas pour celui-ci l’équivalent de l’Union bancaire, et que son business model n’est pas soutenable dans le contexte de taux d’intérêts négatifs. Or, comme également souligné par le FMI, les assurances sont étroitement connectées aux banques et aux fonds d’investissement.
Parallèlement, le FMI accorde toujours la même attention à l’évolution de la dette mondiale, car elle fait obstacle à la relance économique et représente un risque pour la stabilité financière. Après pointage avec la Banque des règlements internationaux, il soulève qu’elle a en 2015 atteint 152 milliers de milliards de dollars, soit 225% du PIB mondial. Ajoutant deux précisions importantes : pour ses deux-tiers elle est privée, et sa croissance globale se poursuit.
Ces constats effectués, les recommandations émises ne surprendront pas, reposant sur le renforcement du soutien fiscal et le nettoyage des bilans des banques. Mais elles n’ont aucune chance d’être significativement suivies d’effets, laissant intact l’interaction entre l’instabilité fiscale et financière et la fragilité de l’économie qui est soulignée. Nous approcherions-nous d’un nouvel épisode de la crise financière déclenché par les banques ou les assurances ? Si cela se confirmait, cela serait le résultat direct de la politique poursuivie par les autorités européennes.
Pour en éloigner la perspective, le FMI se raccroche à la première planche de salut venue. Il fonde ses espoirs dans la croissance des échanges commerciaux mondiaux dynamisant l’économie et voit dans le retour du protectionnisme – qu’il qualifie de « risque politique » – le plus grand danger. Ce qui permet de ne pas sortir des cadres de pensée conformistes.
Mais il a de fortes chances d’être déçu, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ayant abaissé fortement sa prévision 2016 de croissance du commerce dans le monde. Elle devrait progresser de 1,7% cette année, soit bien moins que la croissance de 2,8% précédemment prévue en avril. Et l’une des causes de cette faible progression n’est pas la montée du protectionnisme, mais les modifications intervenues dans les chaines d’approvisionnement, certains pays comme la Chine accomplissant tous les stades de la production.
Dans un éditorial, le Financial Times souligne que les banques centrales et les États ont la charge de soutenir la globalisation. Celle-ci peut progresser encore, y est-il estimé, en s’appuyant sur la poursuite de la politique monétaire des premières et pourrait bénéficier de l’effort fiscal des pays qui disposent d’une marge à cet égard. Son rédacteur ne pouvait pas souligner avec plus de cruauté la précarité du système.