Billet invité.
Depuis ce matin, les plus hautes autorités marchent sur des œufs, décidées à précipiter le départ du Royaume-Uni pour couper court à toute velléité de l’imiter, déterminées à n’effaroucher personne pour consolider l’Union européenne à 27. Mais un sursaut est-il possible dans ces conditions et lequel ?
La liste des rencontres, mini-sommet, dîners, sommet formel et informel, réunions et session parlementaire s’allonge d’heure en heure. Cela cadre mal avec « le calme et la retenue » que préconise le président du conseil européen Donald Tusk. Chez François Hollande, cela n’exclut pas l’alarmisme dont il a fait sa marque : « le danger est immense face aux extrémistes et aux populistes », a-t-il cette fois-ci mis en garde. Jean-Marc Ayrault, le ministre des affaires étrangères, prévient qu’il n’est pas question de se « lancer dans une fuite en avant institutionnelle », remisant définitivement des projets déjà au fond des tiroirs. François Hollande annonce vouloir « améliorer notre fonctionnement sans entrer dans de grandes constructions » et propose comme exaltant objectif de « réfléchir à la subsidiarité, à l’articulation des décisions entre le Parlement, le Conseil européen et la Commission ».
Sachant qu’il se heurterait sinon au refus de Berlin de modifier sa politique, il enfourche prioritairement les thèmes de la sécurité et de la défense, c’est à dire ceux du repli. Jean-Marc Ayrault parle certes de « démultiplier » le plan Juncker d’investissement, mais cela prête à sourire quand on connait son laborieux démarrage. Et Matteo Renzi estime qu’il faut « faire prévaloir ce qui nous unit sur ce qui nous divise », en se gardant bien d’identifier les deux.
La dynamique du délitement de l’Europe ne sera pas stoppée faute d’une réflexion sur les causes du vote britannique et de la levée de boucliers qui parcourt l’Europe à propos de l’euro. La crispation n’est pas une politique mais c’est pourtant elle qui risque de prévaloir. Il n’en sortira qu’un approfondissement de la crise européenne.