Billet invité.
Le Brexit va conforter le délitement de l’Europe et contribuer à la poursuite de la crise financière et économique mondiale. Avec dans les deux cas un même moteur : le repli sur des valeurs sûres, puisqu’il n’est pas trouvé d’issue.
La sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni exprime à la fois le rejet de la politique que l’Europe personnifie et la montée d’un profond sentiment d’insécurité allant jusqu’à déclencher une xénophobie qui ne craint plus de s’exprimer ouvertement. Dans l’immédiat, l’agitation va prévaloir, les réunions se multiplier, avec l’espoir que la panique enregistrée sur les marchés va vite se tasser, les banques centrales aux aguets. L’heure du bilan n’est pas encore arrivée.
Trois menaces peuvent plus particulièrement être suivies. Au Japon d’abord, où l’afflux des capitaux aboutit à surenchérir le yen et à accentuer la crise propre de la troisième puissance mondiale. En Italie, où le Mouvement des 5 étoiles agite la perspective d’un referendum sur l’euro dans le contexte d’un affaiblissement de Matteo Renzi qui pourrait se concrétiser par son départ. En Turquie, où Tayyip Racep Erdogan menace d’organiser un referendum à propos de la poursuite des négociations avec l’Union européenne concernant les réfugiés.
À sa manière, François Hollande a exprimé ce qu’il faut attendre de dirigeants européens plus dépassés que jamais. Plaidant pour « une relance de la construction européenne », il lui donne comme objectif premier « d’assurer d’abord sa protection, sa sécurité, sa défense » et la surveillance de ses frontières « pour ne pas avoir à revivre ce que nous avons connu par rapport à la question des réfugiés ». Puis ensuite seulement d’être « capable de définir son avenir industriel technologique, universitaire, scientifique », de se doter « d’institutions plus simples, plus rapides », et de promouvoir des « coopérations renforcées » entre ses États membres désireux d’avancer plus vite.
L’Europe est une promesse de plus qui fout le camp.