Billet invité.
Il était surnommé Super Mario et se retrouve maintenant comparé à Atlas supportant le poids du monde, en la circonstance de l’Europe. Mario Draghi est-il toujours le sauveur ou bien serait-il devenu une victime ? C’est en tout cas ainsi qu’il s’est un peu présenté devant les parlementaires européens, appelant pour la énième fois les gouvernements à prendre son relais.
À force d’être répété, l’exercice est devenu formel, destiné faute d’être exaucé à justifier la poursuite des programmes « extraordinaires » de la BCE, par le rappel de mesures s’inspirant du plus parfait conformisme. Car si les propositions de Mario Draghi innovent timidement en proposant de « partager le risque financier » (en poursuivant la mise en place de l’Union bancaire) et de créer un « mécanisme d’absorption de choc » (un fonds centralisé d’investissement) – toutes mesures destinées à parer au pire lorsqu’il survient – il ne propose pour sortir de la situation actuelle que les fameuses réformes structurelles destinées à accroître la compétitivité sur le marché mondial.
Aurait-il raison, Mario Draghi n’obtiendrait pas gain de cause par la persuasion, ce serait sinon déjà fait. Or il ne peut pas utiliser le seul moyen véritable dont il dispose : menacer d’interrompre ses programmes. Ayant évité le pire, il n’est pas porteur du meilleur. En rester pour l’obtenir à l’amélioration de la productivité du travail par la suppression de ses « rigidités » et à la diminution de son coût est tout simplement pitoyable. Un réflexe de classe, tout au mieux.