Billet invité.
Organe central de la pensée libérale par excellence, The Economist n’a pas failli à sa réputation éditoriale mais a peut-être surpris son monde en titrant l’une ses chroniques « La dépense publique va être difficile à couper étant donné l’accroissement des inégalités ».
The Economist fait remarquer aux cost killers des finances publiques que « des choix difficiles » s’annoncent si l’on veut poursuivre cette politique. Le vieillissement de la population en est d’abord à l’origine, le recul de l’âge de la retraite augmentant le chômage des seniors et ne faisant que déplacer le problème financier. Au bout du compte, quel que soit le mode de financement de la retraite, par répartition ou par capitalisation, un gigantesque trou se creuse que seuls les États peuvent combler à moins de revenir aux vertus de la solidarité familiale, ce qui renvoie au chômage et à la précarité de l’emploi des jeunes…
L’accès à la propriété de son logement entre ensuite en ligne de compte. Être propriétaire pour ne plus avoir à payer des loyers qui ne cessent d’augmenter lorsque les revenus diminuent lors du passage à la retraite, devient de plus en plus hors de portée. Selon l’hebdomadaire, cela implique qu’un relais soit pris par l’État afin d’assurer la construction massive de logements à prix réduit, ce qui ne va pas dans le sens de restrictions budgétaires.
Troisième facteur perturbant, l’automation : comment répondre à la disparition attendue de millions d’emplois ? N’allant pas jusqu’à préconiser la création d’un filet de sécurité via un revenu minimum – dans sa version destinée à acheter à moindre coût la paix sociale – The Economist avertit que ce phénomène augmentera la dépense publique, que ce soit au titre de la formation ou de l’aide sociale, à moins qu’il ne soit nécessaire de créer des emplois publics pour absorber le surplus d’offre de travail…
Au terme de ce survol, la conclusion s’impose : « il est très difficile de voir comment l’accroissement de l’inégalité va pouvoir aller de pair avec la réduction de l’État. Les électeurs ne manqueront pas de demander aux politiciens de réduire les inégalités ou de maintenir le filet de sécurité social. »