Billet invité.
539 réfugiés ont hier débarqué dans les îles grecques, selon le HCR, et vont être refoulés par bateau en Turquie en application des accords passés entre l’Union européenne et ce pays. À Lesbos et à Chios, les arrivants sont systématiquement conduits dans les centres qui auparavant accueillaient et enregistraient les réfugiés et sont désormais devenus des prisons.
En suspendant une partie de ses activités pour ne pas cautionner la détention des demandeurs d’asile, le chef du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a averti qu’il allait suivre tous les détails de la mise en œuvre des accords afin de vérifier le respect du droit international. De nombreuses ONG ont annoncé avoir pris la même décision, qualifiée d’« extrêmement difficile » en raison de l’arrêt de leurs activités de soutien aux réfugiés qu’elle implique. Elles maintiennent une présence afin d’observer ce qui va se passer et continuer à soutenir les réfugiés arrivés avant dimanche dernier, qui ne sont pas incarcérés.
4.000 fonctionnaires sont attendus afin de faire marcher le dispositif mis en place dans l’urgence, mais ils sont loin d’être tous réunis et moins d’un tiers des 1.500 policiers demandés aux pays européens par l’agence Frontex sont arrivés. L’Ofpra (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides) a pour sa part fait savoir qu’elle n’interviendrait que pour les opérations de relocalisation des réfugiés en Europe, et ne s’impliquerait pas dans les reconduites en Turquie.
Environ 50.000 réfugiés sont dans l’incertitude sur le continent grec, leur sort étant d’être refoulés s’ils n’obtiennent pas le droit d’asile. Il leur faudra encore attendre que des places soient disponibles dans les pays d’accueil. Suite aux attentats de Bruxelles, la première ministre polonaise Beata Szydlo a annoncé qu’elle refusait désormais d’accueillir des réfugiés dans son pays et d’appliquer les accords de répartition qui prévoyaient l’installation de 7.000 d’entre eux.
C’est encore bien pire en Hongrie, où l’ONG Comité d’Helsinki, qui veille au respect des droits de l’homme, a rendu public un rapport à Budapest après dix-huit mois d’enquête. Les réfugiés y sont placés dans des camps où ils sont détenus et soumis à des « traitements dégradants », que le rapport détaille, en totale contravention avec les règles européennes. Environ 440 réfugiés étaient au 1er février dernier dans ce cas.
De nombreuses réactions aux attentats de Bruxelles n’ont pas manqué de faire référence aux « valeurs européennes » pour mieux les réaffirmer. La palme revient au ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière. Soulignant que les objectifs visés par les terroristes étaient un aéroport et une station de métro, il a cru pouvoir en tirer comme conclusion que « notre liberté de mouvement, notre mobilité » étaient visées, ces « valeurs qui font partie de l’Union européenne ». Comment en douter ?