Billet invité.
Employant une de ces formulations imprécises dont il a le secret, le FMI lance une nouvelle mise en garde pour accompagner ses dernières projections trimestrielles : « La croissance mondiale pourrait dérailler si les transitions importantes de l’économie mondiale ne sont pas bien gérées ». On n’en saura pas plus dans l’immédiat.
Ses prévisions sont déjà à la baisse, en particulier pour les pays émergents dont la situation est qualifiée de « périlleuse », confirmant ce que l’on pensait. Ce n’est pas une mince affaire, car ils pèsent pour plus de 70% de la croissance globale, est-il relevé au passage. Mais que retenir de la litanie de ses prévisions par région du monde et par pays ?
Deux gros points noirs : la Chine et le pétrole. Sur le premier, le Fonds s’en tient à une croissance prévisionnelle de 6,3% pour l’année, un chiffre très politique à peine en dessous du 6,9% officiel de l’atterrissage 2015 des autorités chinoises. L’impact global du ralentissement pourrait être « plus marqué que prévu », prédit-il toutefois afin de ménager ses arrières. Est en cause la chute de la demande des matières premières, au premier rang desquelles figure le second.
Le FMI constate la faiblesse de l’effet d’aubaine d’un pétrole dont le prix inouï du baril de Brent est inférieur à 30 dollars, en attendant la suite possible de sa dégringolade en raison de l’arrivée sur le marché du pétrole iranien. Les effets positifs de cette baisse étant réduits, les négatifs s’annoncent plus lourds et allant en s’accroissant selon lui.
Dans l’immédiat, non seulement les pays producteurs de pétrole et de gaz voient leurs recettes fondre et leur économie en souffrir, mais tout le secteur industriel de l’énergie le ressent également, et par ricochet les banques qui le soutiennent. Aux États-Unis, JP Morgan Chase, Citi et Wells Fargo en subissent les conséquences, alors que Goldman Sachs prévoit que le prix du baril pourrait encore descendre à 20 dollars, et que Standard Chartered le voit à 10 dollars. Le décor est bien planté.
Pour inaugurer sa prise de fonction, le nouvel économiste en chef du FMI Maurice Obstfeld prévient certes qu’un « chemin cahoteux » pourrait être emprunté cette année, visant particulièrement les pays émergents. Mais, faisant état de la conduite connue pour être « excessive » des marchés financiers, il tente de relativiser la signification de la spectaculaire chute des marchés boursiers de ce début d’année, et de voir des perspectives de croissance mondiale « moins sombres que ce que le marché perçoit actuellement ».
« Le rééquilibrage de la Chine est essentiel pour sa transition vers un modèle de croissance plus durable et résistant basé sur la consommation. Les prix bas des matières premières profitent aux consommateurs et diminuent les coûts de production. Et l’augmentation bien communiquée des taux d’intérêt de la Fed en décembre reflète une performance relativement robuste de l’économie américaine », énumère-t-il sans crainte de contredire l’analyse plus circonspecte de ses collègues. Exprimant si l’on comprend bien un point de vue plus politique.
L’économiste en chef explique à l’appui de sa lecture des faits que « les investisseurs craignant le risque se focalisent sur l’impact négatif potentiel de ces développements, mais chacun d’entre eux comporte un côté positif qui devrait faire voir les perspectives de la croissance mondiale de façon moins sombre que ce que le marché semble percevoir actuellement ».
Y aurait-il de la confusion dans l’air ?