Billet invité.
Cela recommence à sérieusement tanguer en Europe, la Grèce proche de jouer à nouveau le rôle de détonateur.
En Allemagne, Angela Merkel doit faire face à une contestation qui se renforce au sein de son propre parti, tandis que la direction du SPD se range derrière ceux qui veulent la faire plier sur la question de l’accueil des réfugiés, afin d’en limiter le nombre. Pas encore clairement évoqué, son départ est en filigrane.
Matteo Renzi, le président du conseil italien, s’oppose à la politique allemande dans de plus en plus nombreux de ses aspects ainsi qu’au suivisme de la Commission qui privilégie les jeux de couloir. Sur le dossier des retraites, le gouvernement grec est arrivé au bout du rouleau des concessions qu’il peut accepter, sauf à se suicider. L’Espagne et le Portugal attendent de voir venir.
Un nouvel affrontement se prépare à propos de la Grèce, destiné à tuer dans l’œuf les velléités portugaise et espagnole d’assouplissement de la rigueur qui se profilent. En imposant la présence du FMI au tour de table du 3ème plan de sauvetage du pays, Wolfgang Schäuble joue au billard à bandes. Il n’a pas procédé autrement sur le dossier très sensible des réfugiés, en proposant de financer par une taxe sur l’essence – sujet hautement sensible dans l’opinion – l’accueil des réfugiés. Dans le cas de la Grèce, il impose au gouvernement grec qui voulait l’éviter la présence du FMI parmi les créanciers du 3ème plan de sauvetage, pour mieux contrer sa proposition protégeant des retraites dont de nombreuses familles entières vivent dorénavant. Dans les sondages électoraux, Nouvelle Démocratie passe devant Syriza.
La restructuration de la dette grecque, dernière planche de salut du gouvernement Syriza, ne prend pas la tournure souhaitée. Si la question des retraites pouvait être dépassée, un accord pourrait certes se dessiner, mais il associerait étroitement les modalités de remboursement de la dette à la poursuite des « réformes structurelles », le meilleur moyen de définitivement couler le pays tel qu’envisagé. Une fois de plus, la Grèce est condamnée afin de donner l’exemple. Au pire, son sort pourra toujours être passé aux profits et pertes, le risque amoindri d’une contagion étant inférieur au poids de la démonstration recherchée.
De nouvelles élections municipales se tiendront en juin prochain en Italie, dans la perspective d’élections législatives au printemps 2017, et Matteo Renzi va avoir à faire avec le Mouvement des 5 étoiles et la Ligue du Nord, tous deux sur une ligne euro-sceptique alimentée par les évènements. Une guerre des mots a été dès à présent déclarée à de nombreux sujets entre Rome, Berlin et Bruxelles, à, « tous les coins de rue » s’en est même ému un Jean-Claude Juncker, par défaut de plus en plus sur le registre affectif.
En prenant la tête d’une fronde pourtant à l’état virtuel, Matteo Renzi prétend renouer avec la fibre italienne pro-européenne. Mais s’il s’oppose à une politique, il n’en définit pas une alternative, se contentant de rechercher des marges de manœuvre pour la seule Italie.
Quelle sera la résultante de l’empilement de crises qui se constate aujourd’hui, l’Europe ayant été construite pour le beau temps ? Celle des réfugiés donne le ton en aboutissant au chacun chez soi et pour soi, régression qui appelle la construction d’une Europe alternative.