Billet invité.
Que se passe-t-il sur les routes de l’exode ? Tant bien que mal, un parcours s’est pour l’instant imposé dans les Balkans, les réfugiés passant à pied chaque frontière pour être convoyés à la suivante par train ou par bus selon le principe du jeu de la patate chaude : chaque gouvernement fait tout pour éviter que les réfugiés – qui ne le souhaitent pas – s’installent durablement sur son territoire.
En vertu de cette logique, la piste a été en quelque sorte viabilisée, et les arrêts aux frontières qui peuvent durer plusieurs jours sont aménagés par les autorités ou par le HCR. Avec l’automne, la pluie est arrivée, les températures ont baissé, des abris sont installés en conséquence et des distributions de vêtements chauds et de pluie interviennent. Mais le mer devient elle aussi plus rude, et les réfugiés sont soumis à une épreuve de plus en plus dangereuse lors de leurs traversées. On reste très loin des couloirs humanitaires qui auraient du être organisés.
Aux deux extrémités de la route de l’exode, rien n’est réglé. A l’arrivée, en Allemagne, les autorités peinent à trouver des abris pour les réfugiés et se préparent à réquisitionner les logements et les locaux commerciaux vacants, une fois la législation ad hoc adoptée. Au départ, en Turquie, le gouvernement ne veut pas entendre parler de l’implantation sur son territoire de centres d’enregistrements des réfugiés et continue de proposer la construction par ses soins, aux frais de l’Union européenne, d’une « zone de sécurité » en Syrie le long de sa frontière avec la Turquie.
Outre qu’il faudrait la créer et la protéger avec la force militaire, leur proposition vise à créer trois « villes » de 100.000 habitants chacune, ce qui ne serait de toute façon pas suffisant. Problème supplémentaire : que faire des réfugiés à qui il ne sera pas accordé le bénéfice du droit d’asile ?
Les crises européennes se suivent et ne se ressemblent pas. Cela a commencé par celles des banques – qui n’est pas du tout terminée, nous allons y revenir – puis celle qui s’exprime par de forces tensions déflationnistes, une faible croissance et un important chômage, qui s’est installée. Sont ensuite intervenus la crise ukrainienne et celle de la Grèce, loin d’être réglées, l’exode en cours des réfugiés, et enfin la tricherie du groupe Volkswagen qui vient d’éclater, dont les lourdes conséquences sur l’économie allemande ne sont pas encore estimables. L’addition de l’ensemble va être dure à digérer. Les crises s’installent, leurs solutions repoussées, les autorités européennes ne sont jamais à l’heure à leurs rendez-vous.
Quant à la tricherie de Volkswagen, n’est-elle pas de même nature que les manipulations financières des banques, au nom du vieux principe selon lequel les puissants ont tous les droits ?