Billet invité.
Les réfugiés qui espéraient entrer en Hongrie à pied avant l’instauration d’une fermeture de la frontière qui ne dit pas son nom – initialement prévue pour mardi – se seront retrouvés lundi en fin d’après-midi devant des clôtures de barbelé et des rangées de policiers. La route était déjà barrée, le désespoir grand.
Réunis à Bruxelles, les ministres de l’intérieur de l’Union européenne cherchent à faire bonne figure en annonçant un accord portant sur l’accueil de 160.000 réfugiés. A y regarder de plus près, ils ne sont parvenus qu’à adopter pour la seconde fois un plan d’accueil de 40.000 réfugiés, car le projet de plan complémentaire de 120.000 réfugiés est resté dans les cartons, faute d’accord de tous sur le principe d’un accueil obligatoire des réfugiés suivant un système de quotas. Rendez-vous a été pris pour les 8 et 9 octobre prochains, afin d’en étudier une nouvelle version, avec pour mission « de tenir compte de la flexibilité dont les États membres pourront avoir besoin… » Trois semaines ne seront pas de trop pour trouver la formule, les réfugiés sont priés d’attendre.
Dans l’immédiat, l’accent est mis sur le contrôle des frontières de l’espace Schengen, une pétition de principe sur fond de bruit de bottes destinée à rassurer les gouvernements récalcitrants, et la création de « camps de rétention » – pour ne pas dire détention – en Italie, en Hongrie et en Grèce, la seule mesure concrète préconisée. Ceux-ci auront pour vocation de mener à bien les formalités d’identification, d’enregistrement et de tri entre les réfugiés et les migrants économiques, ces derniers étant refoulés. D’autres négociations, notamment avec la Turquie, visent à favoriser l’installation des réfugiés hors de l’Europe.
La reculade est impressionnante, si l’on compare ces dispositions avec les intentions initiales. On sait désormais de quoi l’Europe des Vingt-huit est capable quand elle prétend accomplir un geste humanitaire, assumer un devoir, a corrigé Robert Badinter. Cela fait contraste avec l’élan en faveur des réfugiés qui s’est manifesté en Allemagne, mais aussi en Espagne, au Portugal et au Royaume-Uni. Cela tranche également avec les déclarations allemandes, qui persévèrent et parlent même d’accueillir un million de réfugiés, une fois leur flux régulé.