Billet invité.
De réunion en réunion, les hautes autorités européennes parviendront peut-être à s’entendre pour accueillir les 120.000 réfugiés supplémentaires dont Jean-Claude Juncker défend avec conviction la répartition. Les représentants polonais, tchèque, slovaque et hongrois rencontrent aujourd’hui ceux de l’Allemagne et du Luxembourg en raison de leur refus ou réticences à accepter le plan proposé. Les ministres de l’intérieur des 28 les suivront lundi prochain, mais il faudra sans doute attendre le sommet des chefs d’État et de gouvernement, prévu à la mi-octobre, pour que le dossier soit complètement bouclé. Le temps de trouver une solution, le nombre des demandeurs d’asile aura selon toute vraisemblance dépassé les 160.000 places des deux plans de Bruxelles, à moins que la route des Balkans ne soit d’ici là devenue impraticable…
Devant cette nouvelle menace grandissante, les députés européens ont déploré que les réfugiés « n’aient pas d’autre option que le recours à des passeurs et à des itinéraires dangereux pour trouver une protection en Europe ». Ils ont estimé urgent que les États membres mettent en place « des couloirs humanitaires et des visas humanitaires ».
Harassante, la route des Balkans est faite d’épreuves et d’attentes prolongées pour des réfugiés qui l’empruntent souvent en famille, durement exposés au froid et aux intempéries et soumis des obstacles incontournables. Le gouvernement hongrois accélère la construction d’un mur à la frontière avec la Serbie et s’apprête à y déployer l’armée. La Macédoine voudrait faire de même à sa frontière avec la Grèce, et l’Autriche a suspendu ses liaisons ferroviaires avec la Hongrie en raison de la « congestion du réseau ».
L’objectif reste de rejoindre l’Allemagne, mais il est de plus en plus difficile à atteindre alors que les candidats ont continué d’affluer en Grèce depuis le début de la semaine et que de nouveau s’y présentent. La traversée sur des dinghys de fortune est de six kilomètres, mais le mauvais temps de l’automne arrive, accroissant son danger En Macédoine, en Serbie et en Hongrie, les temps de transit s’allongent, les campements provisoires grossissent.
Sous la pression de l’ONU, les autorités hongroises ont renoncé à créer des « zones de transit » dans un no-man’s land avec la frontière serbe, mais ils font preuve de maltraitance dans les camps où ils dirigent les arrivants, dont des témoignages vidéo parviennent. A plusieurs reprises, les réfugiés se sont évadés de ceux-ci, sachant ce qui les attend, avant de renoncer de rejoindre à pied la frontière autrichienne, éloignée de plusieurs centaines de kilomètres.
La traversée de la Méditerranée a fait de celle-ci un cimetière et la route des Balkans, ouverte par la seule force des réfugiés, est devenue la route de la honte.