Billet invité.
La police tchèque inscrivant au marqueur le numéro de la pièce d’identité des réfugiés sur leurs mains, et les autorités hongroises les trompant pour les faire monter dans des trains les menant dans des camps afin qu’ils quittent Budapest, l’ignominie aux résonances douteuses aura atteint des sommets, pour ne parler que des vivants. Les réfugiés sont des êtres humains rappellent sur des pancartes les volontaires qui se portent à leur secours, comme si cela n’allait pas de soi. Eux continuent à être laissés à eux-mêmes quand ce n’est pas aux passeurs, et traités par les autorités comme des illégaux alors qu’il devrait leur être accordé d’office des visas afin qu’ils ne tombent pas sous la coupe de ces derniers.
Les scènes d’affliction posées et tardives se multipliant, on a vu soudain s’affairer devant les micros et les caméras ceux qui étaient resté les bras croisés. Incitant Matteo Renzi, le président du Conseil italien, a s’exclamer « l’Europe ne peut pas seulement s’émouvoir, elle doit aussi se bouger », Brûlant la politesse à la Commission, Angela Merkel et François Hollande ont proposé « un mécanisme permanent et obligatoire » afin d’accueillir dans toute l’Europe « 100.000 personnes qui demandent refuge ». Pour soulager les réfugiés dans leur exode, rien n’est annoncé.
Bruxelles avait dans les cartons un second plan visant à répartir 120.000 réfugiés, en plus du précédent dont l’objectif était d’accueillir 40.000 réfugiés, sans garantie de solde de tout compte. 160.000 réfugiés seraient selon ses estimations déjà entrés dans l’espace Schengen, 54.000 en Hongrie, 39.600 en Italie (en plus des 24.000 précédents) et 64.000 en Grèce (en plus des 16.000 d’avant), et il ne peuvent pas être expulsés. Donald Tusk, le président du Conseil européen, avait auparavant mis en avant le chiffre de 100.000 réfugiés, mais il n’a pas tenu longtemps. Tous ces chiffres sont lancés à la va-vite, à comparer pour la Grèce avec ceux du ministre adjoint à la marine marchande Nikos Zoïs, qui fait état de 230.000 migrants depuis le début de l’année, dont plus de 80% sont des réfugiés.
Le principe des quotas imposé, son application va donner lieu à de difficiles tractations. On saura peut-être bientôt ce que vaut un réfugié sur cet inconvenant marché d’êtres humains, car il aurait été envisagé par la Commission de donner aux gouvernements la possibilité de se défausser en totalité ou en partie de leurs quotas, à condition de verser une somme d’argent… Ils en sont là !
Ainsi que l’Italie, la France et l’Allemagne l’ont auparavant demandé, la Commission va établir une liste des pays dont les ressortissants n’auront pas droit à l’asile et seront refoulés dont on attend avec intérêt les critères de sélection. Pour tenter de bloquer l’exode, il restera à bétonner les points d’entrée dans l’espace Schengen, ce que la Hongrie a commencé à faire en construisant un mur. Le cas de la Grèce – seule isolée de cet espace d’un seul tenant – va faire l’objet de conversations qui ont commencé à Athènes sous l’égide de Frans Timmermans et Dimitris Avramopoulos, de la Commission. Une première discussion est entamée à Luxembourg à l’occasion d’une réunion informelle des ministres des affaires étrangères. Il est prévu un sommet extraordinaire le 14 septembre prochain pour entériner le dispositif.
David Cameron pourra y expliquer comment il compte s’y prendre pour « apporter la paix et la stabilité » dans les régions en crise du Moyen-Orient et de l’Afrique, ce qui est si on le comprend bien la véritable solution. Les plus hautes autorités s’illustrent au mieux de leurs capacités.