Billet invité.
Une discussion sur la dette grecque ne va plus pouvoir être repoussée après le coup de pouce que Mario Draghi vient de donner, venant à l’appui du FMI et sortant de son effacement de ces derniers jours. Considérant que son allégement ne faisait pas discussion, il a estimé qu’il allait falloir se pencher sur le sujet dans les prochaines semaines. Le sommet de la zone euro avait vu les choses autrement et renvoyait à une première revue satisfaisante du futur plan l’examen de la dette, c’est-à-dire dans de longs mois.
Le débat est lancé. Engagées en février dernier, les négociations vont se poursuivre et inclure le sort à réserver à la dette. Ce que le gouvernement grec n’est pas parvenu à obtenir. Tout sera fait pour en rester à un « reprofilage » et ne pas consentir la décote d’usage dans ce genre de circonstances. Mais les taux consentis sont déjà bas et le remboursement des prêts précédents est étalé sur trente ans, ce qui laisse peu de marges de manœuvre. Alternativement à une décote, le FMI a proposé d’aller plus loin en accordant une période de grâce de trente ans et un important étalement supplémentaire.
La balle est dans le camp allemand, mais elle n’a pas été retournée. Voyant venir le danger, Wolfgang Schäuble a déclaré ce matin : « un véritable effacement de la dette est incompatible avec le fait d’appartenir à l’Union monétaire », sans préciser pourquoi. Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a voté aujourd’hui pour la suppression des liquidités d’urgence au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE, ne laissant aucune ambiguïté sur son intention de faire sortir la Grèce de l’euro, et à défaut de prendre date. Le Bundestag doit demain avaliser l’aide financière d’urgence du MES destiné à éviter un défaut sur la BCE qui remettrait tout en question. Portant sur 7 milliards d’euros, elle ne couvre les besoins de la Grèce que jusqu’à fin juillet.
Dans l’immédiat, le FMI s’en sort très bien, le MES prêtant au gouvernement grec de quoi régler ses arriérés et faire face à ses échéances immédiates, ce qui revient à un transfert de dette au détriment des créanciers européens. La BCE a de son côté augmenté le plafond des liquidités d’urgence pour éviter tout incident bancaire et ne pas interrompre la distribution contingentée de billets aux distributeurs automatiques. En maintenant sa pression.
L’attention s’était portée vers Athènes et les prémices d’une crise politique, elle revient vers la division du camp des créanciers. Comme si les créanciers européens ne pouvaient pas en rester là…