Billet invité.
Quel que soit le résultat de l’affrontement qui se poursuit, la Grèce ne s’est pas pliéE au jeu et n’a pas fait la démonstration qui était recherchée : son sort est en jeu, mais la politique européenne est remise en cause comme elle ne l’a jamais été. C’est tout du moins ce que les Italiens, Européens de la première heure, expriment clairement via leur gouvernement, disant tout haut ce que François Hollande préfère taire. Pier Carlo Padoan, le ministre des finances, a affirmé ce matin que la Grèce doit être aidée pour rester dans la zone euro mais aussi pour retrouver la croissance, succédant à Matteo Renzi qui avait auparavant élargi le débat.
« Si nous restons immobiles, prisonniers des règlements et de la bureaucratie, l’Europe est finie », avait averti ce dernier il y a deux jours, ajoutant « reconstruire une Europe différente ne sera pas facile, après ce qui s’est produit ces dernières années. Mais c’est le moment juste pour essayer de le faire, tous ensemble ». Le président du conseil avait proposé d’ouvrir « un chantier ambitieux et à long terme, le dilemme n’étant pas entre « oui à l’austérité et non à l’austérité, mais comment faire pour créer de la croissance ».
Sur un tout autre registre et avec d’autres intentions, Pablo Iglesias a déclaré au nom de Podemos que « la Grèce a brandi haut la bannière de l’Europe », ajoutant un message personnel : « Alexis, 2015 sera l’année du changement, soit assuré que bientôt nous serons plus forts ». S’exprimant devant le Parlement européen, où il a été très applaudi, celui-ci n’a pas seulement déclaré être à la recherche d’un « compromis honorable », il a aussi fait valoir que « ma patrie a depuis cinq ans été un laboratoire pour l’austérité, mais l’expérience n’a pas réussi », après avoir rappelé que son gouvernement n’était pas comptable d’une Grèce qu’au contraire il voulait réformer : « ous voulons lutter contre le règne des oligarchies et des cartels, contre la fraude et l’évasion fiscale, nous voulons moderniser l’État. »
Une demande d’aide grecque sans montant a été envoyée et reçue ce matin par le Mécanisme européen de stabilité et une réunion du groupe de travail de l’Eurogroupe va la prendre en considération cet après-midi. Des propositions détaillées d’accord suivront demain. Aujourd’hui, la BCE pourrait également décider de relever le plafond des liquidités d’urgence en attendant dimanche.