Billet invité.
Les créanciers ont déjà « démontré une flexibilité considérable » a prétendu Christine Lagarde pour tout commentaire du jour, tandis que Michel Sapin, ministre socialiste français des finances, énonçait comme une évidence que « c’est à la partie grecque de dire ce sur quoi elle souhaite éventuellement bouger ». Ce sont décidément des champions du double langage…
La hausse du taux de la TVA et la baisse des retraites sont les deux principaux points de blocage. Destinées à améliorer l’excédent budgétaire et à faciliter le remboursement de la dette, ces deux mesures affecteraient fortement les Grecs les plus démunis, conduisant le gouvernement grec à refuser de les envisager. Les retraites jouent un important rôle d’amortisseur social dans un pays où le chômage des jeunes est de 60%. Et quant à l’augmentation du taux de la TVA de l’électricité et de l’eau, Yanis Varoufakis a déclaré qu’il ne la présenterait « en aucun cas » au Parlement. Tassos Koronakis, le secrétaire général de Syriza, a réfuté les propositions des créanciers qui « ne peuvent constituer les bases d’un accord ». Alexis Tsipras a expliqué qu’elles ne sont pas acceptables pour un pays qui a « subi ces cinq dernières années un grand désastre économique », avant de présenter demain après-midi l’état des négociations au Parlement. Dans quel camp la balle se trouve-t-elle ?
Demain arrive à échéance un remboursement au FMI de 300 millions d’euros, prélude à d’autres versements échelonnés durant le mois de juin dont le montant total est de 1,6 milliards d’euros. Sans aucune garantie que, sauf le premier, ils seront honorés. L’incidence est forte, car faute d’y parvenir, la Grèce ne pourrait plus prétendre aux nouveaux versements du FMI prévus jusqu’en 2016, qui représentent 16 milliards d’euros. Ce qui perturberait tout l’édifice du roulement de sa dette, sauf à ce que les États européens se substituent à lui. Non sans quelque ingénuité, considérant que tout va nécessairement s’arranger sans avoir à bouger le petit doigt, Michel Sapin a remarqué que « l’on doit maintenant essayer de trouver quels sont les grands principes d’un accompagnement de la Grèce au-delà du mois de juin ». On lui souhaite bien du plaisir.
En attendant, les discussions devraient reprendre demain dans la même configuration qu’hier, réunissant Alexis Tsipras, Jean-Claude Juncker et Jeroen Dijsselbloem.
P. S. : La Grèce a demandé au FMI de repousser à la fin du mois ses 4 remboursements de juin.
Le document du gouvernement grec (en Anglais)