Billet invité.
Le gouvernement grec a en début d’après-midi refusé l’ultimatum de vendredi prochain qui lui a été adressé par Jeroen Dijsselbloem, tout en réaffirmant « son engagement à trouver une solution mutuellement utile avec ses partenaires européens par la poursuite des négociations ».
Ayant cherché hier à mettre ses intentions en pratique, il s’est heurté à l’intransigeance renouvelée du gouvernement allemand, sans susciter de réaction des partisans d’un assouplissement et d’un compromis qui ont préféré s’effacer. Ceux-ci regroupaient pourtant le FMI, la BCE et autant qu’on peut le comprendre la Commission. À vouloir par leur attitude obtenir la capitulation du gouvernement grec, les autorités allemandes prennent de facto la responsabilité de l’échec de négociations qui n’arrivent même pas à s’engager. Elles jouent avec le feu, prises entre le risque de devoir assumer un défaut grec grand format en cas de rupture et de sortie de la Grèce de l’euro, et celui de la contagion de l’exemple que donnerait une Grèce obtenant la révision d’une politique qui prétend faussement être gravée dans le marbre. François Hollande fait à cet égard référence à des « règles » qu’il faudrait respecter mais dont il n’énonce pas la nature. S’agirait-il du respect des usages, que l’on appelle aussi conformisme ?
On comprend que les plus opposés à une révision se recrutent parmi les gouvernements qui ont joué le jeu de la Troïka et qui seraient désavoués devant leurs opinions publiques. Afin de masquer les enjeux, le gouvernement d’Athènes est présenté comme ne sachant pas ce qu’il veut, mais l’impasse actuelle a une autre origine. Destinée à faire plier le gouvernement grec, l’intransigeance du gouvernement allemand lui évite d’être confronté à l’une des deux situations qui sans cela le menaceront.
Jeroen Dijsselbloem et le gouvernement grec se renvoient la balle, mais celle-ci est dans le camp du FMI, de la BCE et de la Commission, ainsi que des gouvernements qui cherchent une issue et ne s’en donnent pas les moyens. Ils portent une lourde responsabilité qu’ils ne pourront éluder en cas d’échec. Peut-on la faire partager au gouvernement grec ? Ce serait nier les pas en avant que celui-ci a accompli, le premier d’entre eux étant de proposer un plan de restructuration de sa dette évitant une nouvelle décote, qui sinon sera à terme inévitable. Mais ce vrai sujet est esquivé. Les financiers ne sont pas les seuls « court-termistes »…
Joignant le geste à la parole, Alexis Tsipras a annoncé le vote de mesures sociales par le Parlement grec dès vendredi, jour d’effet de l’ultimatum.