Billet invité
Au sortir de sa rencontre avec Alexis Tsipras à Athènes, le président du Parlement européen Martin Schulz a déclaré : « Il y avait une crainte qu’Alexis Tsipras suive sa propre voie, mais cela n’est pas vrai, il est en faveur d’une discussion. La Grèce cherche des solutions sur une base commune avec ses partenaires européens ». Puis il s’est félicité que « la lutte contre l’évasion fiscale et l’injustice sociale qui est liée à l’évasion fiscale » figure parmi les priorités du premier ministre grec, avant de souhaiter que des « pas concrets » puissent intervenir demain à l’occasion de la venue du chef de file de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
La politique européenne est-elle à la veille d’un tournant ? Cet assouplissement que les gouvernements italien et français ne sont pas parvenus à obtenir, la nouvelle équipe grecque serait-elle en passe d’y parvenir ? Et, si c’est le cas, quelle en sera la portée ? Le simple fait d’entamer des négociations en vue d’un compromis s’inscrit déjà en rupture avec la pratique établie. Que celui-ci élude dans l’immédiat la question centrale de la dette ne serait pas étonnant, car comment la Grèce pourrait-elle à elle seule modifier le rapport de force à ce propos ? Mais ce qui pourrait être obtenu n’est pas rien, puisqu’il représenterait un premier pas : l’abandon du dogme selon lequel les réformes structurelles d’inspiration néolibérale sont la voie à obligatoirement emprunter. Les intentions affichées du gouvernement grec, qu’il a commencé à mettre en musique, sont en effet opposées et s’inspirent de principes de justice sociale.
Michel Sapin, le ministre des finances français, déclarait ce matin sur le blog de Jean Quatremer de Libération : « Lorsqu’on va parler au niveau européen de lutte contre la fraude et l’optimisation fiscale abusive, de convergence fiscale et sociale, de rythme adapté dans la consolidation budgétaire, nous aurons un interlocuteur de plus sensible à ces sujets. Syriza renforce le camp de ceux qui, comme nous ou le gouvernement italien, veulent une évolution des politiques européennes. » François Hollande et Matteo Renzi auront-ils une autre occasion d’infléchir la stratégie européenne et sauront-ils saisir celle qui se présente ?
Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances, va entamer lundi une tournée qui le conduira de Londres à Paris, puis à Rome.